Le coût de la santé en Suisse, déjà parmi les plus élevés au monde, fait face à une nouvelle controverse. Une enquête révèle que certains hôpitaux utilisent des failles législatives pour gonfler artificiellement leurs marges, tout en laissant la charge des coûts aux assurances maladie et, par extension, aux assurés.
En effet, ces dérives ont des implications directes sur les finances des assurés, dont les cotisations augmentent pour couvrir les dépenses injustifiées des hôpitaux. Elles soulèvent également des questions éthiques sur la gestion des fonds dans un secteur où la transparence devrait être primordiale.
Des rabais transformés en marges excessives
En 2022, une loi a été adoptée en Suisse pour encourager les hôpitaux à négocier des rabais sur le matériel médical. Cependant, au lieu de réduire les coûts, certains établissements utilisent les prix « catalogue » des fournisseurs pour maximiser les « économies » affichées et ainsi gonfler les marges. Selon une enquête du « Tages-Anzeiger », des implants cardiaques achetés pour 60 francs sont parfois facturés jusqu’à 1500 francs aux assurances maladie, soit une différence de plus de 20 fois leur valeur réelle.
Le problème découle d’un flou juridique où le prix « catalogue », rarement appliqué en pratique, sert de référence pour calculer les réductions. Ces pratiques toucheraient particulièrement le groupe Hirslanden, déjà dans le viseur des assureurs. Bien que des contrôles internes aient été annoncés, les conséquences sur le coût de la santé, et donc sur les primes d’assurance, demeurent préoccupantes.
La téléradiologie délocalisée : une autre faille exploitée
En parallèle, l’externalisation des analyses de radiographies à l’étranger soulève des critiques. Certaines cliniques suisses envoient leurs examens dans des centres spécialisés, mais ces derniers sous-traitent souvent les analyses à des professionnels en Europe, où les coûts sont bien inférieurs. Ces services sont ensuite facturés au prix suisse, alimentant les marges des établissements concernés.
Des entreprises comme Emergency Radiology Schueller et des groupes hospitaliers comme Hirslanden seraient impliqués dans ces pratiques. Malgré ces révélations, l’Office fédéral de la santé publique indique qu’aucune réglementation sur la radioprotection n’interdit ces procédés, laissant ainsi une zone grise réglementaire qui continue d’être exploitée.