Faut-il quitter ou rester sur X ? Elon Musk met les Suisses face à un dilemme

Depuis qu’Elon Musk a pris le contrôle de Twitter, devenu X, la plateforme est au cœur d’un débat mondial. En Suisse, la question de rester ou quitter ce réseau social divise.

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Elon Musk
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Entre désillusions face à la transformation du réseau social d’Elon Musk et reconnaissance de son rôle central dans le débat public depuis la réélection de Donald Trump aux États-Unis, les départs se multiplient parmi les médias, les personnalités politiques et les institutions.

En effet, certaines figures, comme la ministre de la Culture Elisabeth Baume-Schneider, ont décidé de quitter X, jugeant son atmosphère délétère et inadaptée à un échange constructif. D’autres, comme le Conseil fédéral, considèrent que la plateforme reste essentielle pour communiquer rapidement et efficacement. Ce choix oppose les partisans d’un retrait symbolique à ceux qui estiment qu’il faut continuer à occuper cet espace, malgré ses dérives.

Une vague de départs face à la transformation de X

Pour Elisabeth Baume-Schneider, le départ de X était une évidence. La ministre de la Culture et de la Santé a quitté la plateforme le 31 octobre, dénonçant des transformations incompatibles avec sa vision d’une culture du débat. Elle a invité ses abonnés à la suivre sur Instagram, un réseau qu’elle juge plus approprié pour ses échanges avec le public. Ce départ s’inscrit dans une tendance observée chez d’autres personnalités et médias suisses.

La RTS, de son côté, a drastiquement réduit sa présence sur X. L’entreprise évoque l’impossibilité de maintenir un dialogue constructif face à une avalanche de trolls, de bots et de campagnes de haine. À l’échelle internationale, des médias influents comme The Guardian ou encore le quotidien français Ouest-France ont également choisi de se retirer. Ce dernier a suspendu ses publications, dénonçant un manque de régulation et une atmosphère hostile qui heurte ses valeurs démocratiques.

Même avant la réélection de Donald Trump, certains avaient anticipé ces problèmes. Alexis Favre, journaliste et présentateur de l’émission Infrarouge à la RTS, annonçait dès août son départ, qualifiant la plateforme de « bouille globale de plateforme ».

Le Conseil fédéral et d’autres fidèles font le choix de rester

En dépit de cette vague de départs, le Conseil fédéral suisse a opté pour le statu quo. Selon la Chancellerie fédérale, X demeure un outil crucial pour atteindre un large public, qu’il s’agisse de citoyens, de politiciens ou de journalistes. Le gouvernement met en avant l’importance de la plateforme pour réagir rapidement en cas d’événements majeurs et maintenir des échanges au niveau international.

Des personnalités politiques, comme le conseiller communal lausannois Benoît Gaillard, défendent également l’idée de rester le réseau d’Elon Musk. Gaillard voit dans ce réseau un espace unique de confrontation des idées, crucial pour le débat politique. « Je préfère encore un Elon Musk qui annonce la couleur, à un Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, qui a une communication très sucrée », affirme-t-il. Pour lui, quitter X reviendrait à abandonner une arène où se joue une partie essentielle de la bataille des idées.

Ce choix lui vaut même des éloges inhabituels de la part d’adversaires politiques, certains estimant que les fuyards, comme ils les surnomment, reviendront un jour sur X, conscients de sa centralité.

Un dilemme stratégique pour les personnalités publiques

Romain Pilloud, président du Parti socialiste vaudois, résume bien l’ambiguïté de la situation. Bien qu’il ait été la cible d’insultes et d’attaques en ligne, il reste pour l’instant sur le réseau social d’Elon Musk en raison de l’importance de la plateforme pour diffuser les idées politiques de son parti. Il envisage cependant de s’inscrire sur Bluesky, ayant été déçu par l’expérience offerte par Mastodon.

Le débat dépasse les frontières politiques entre journalistes, médias et élus sont confrontés à un dilemme similaire. Pour certains, quitter X revient à se priver d’un poste d’observation indispensable. Le journaliste Frédéric Filloux compare ce choix à celui d’un diplomate qui déciderait de quitter une dictature où il pourrait pourtant observer les dynamiques de pouvoir. À l’inverse, le sociologue Gérald Bronner met en garde contre l’impact de la toxicité du réseau sur le jugement des journalistes.

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