Alors que la Suisse s’apprête à voter sur l’élargissement de six tronçons d’autoroutes le 24 novembre, une question sensible émerge : ce projet entraînera-t-il une hausse des taxes sur l’essence ?
Energie : l’essence pourrait coûter encore plus cher en Suisse
À quelques jours de la votation du 24 novembre, la question du financement de l'extension de six tronçons autoroutiers en Suisse soulève un vif débat. Le projet, qui implique un investissement de près de cinq milliards de francs, pourrait se traduire par une augmentation de la taxe sur l'essence, faute de garanties claires de la Confédération.
Le Département fédéral des finances, dirigé par Karin Keller-Sutter (PLR), a récemment retiré une mention dans le livret de votation qui assurait que ce projet ne serait pas financé par de nouvelles taxes. Ce choix a soulevé des interrogations, alors même que les réserves du fonds routier s'amenuisent, mettant en lumière un risque potentiel pour les automobilistes.
Fonds FORTA, une source de financement en question
Les discussions autour du financement de ces nouvelles infrastructures routières ont mis en lumière la dépendance de la Suisse vis-à-vis du fonds FORTA, qui soutient les routes nationales. Initialement, le Département fédéral des transports, sous la direction d’Albert Rösti (UDC), souhaitait rassurer les citoyens en précisant que le fonds FORTA serait suffisant pour couvrir les coûts de cette extension, sans nécessiter de nouvelles taxes.
Mais le Département fédéral des finances a opté pour une prudence accrue, omettant cette affirmation dans le texte du livret de votation, ce qui laisse la porte ouverte à une possible augmentation de la taxe sur les huiles minérales en cas de besoin. À moyen terme, le Conseil fédéral lui-même avait évoqué, dans son message sur le projet, une probable hausse de cette taxe pour soutenir le fonds routier.
Le spectre d'une hausse du prix de l'essence dès 2026
En cas de baisse des réserves du fonds routier en deçà de 500 millions de francs, la loi pourrait imposer une hausse de quatre centimes par litre d'essence. Les projections actuelles du Conseil fédéral évoquent même la possibilité que ce seuil soit atteint d'ici 2026, rendant une augmentation de la taxe sur l'essence inévitable pour maintenir la santé financière du fonds FORTA.
Pour Albert Rösti, toutefois, une telle hausse ne serait pas nécessairement liée à l'extension des autoroutes. Il souligne l'influence des facteurs géopolitiques sur le prix des carburants et se montre confiant quant à la possibilité de maintenir l'équilibre du fonds. Par ailleurs, l'introduction d'une taxe sur les véhicules électriques, prévue à partir de 2030, pourrait apporter un soutien financier supplémentaire.
Les avis partagés au sein du Parlement
Le débat a aussi révélé des divergences d'opinions parmi les responsables politiques. La conseillère aux États Johanna Gapany (PLR) considère qu'il est inutile d'envisager une hausse des taxes sur l'essence, estimant le fonds FORTA largement financé avec des réserves croissantes. Pour elle, évoquer une augmentation serait « absurde ».
À l'opposé, Fabien Fivaz, conseiller national vert, alerte sur les limites du fonds routier. Selon lui, si le prix de l'essence reste inchangé, des compromis devront être trouvés ailleurs, notamment dans les financements des infrastructures urbaines. Cette divergence de vues reflète des perspectives contrastées sur la capacité de FORTA à soutenir les nouvelles infrastructures.