Un nouvel accord entre les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et les autorités françaises marque une volonté commune de limiter le recours au personnel de santé frontalier.
Genève ne fera plus appel au personnel de santé frontalier
Le 10 octobre, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et les autorités françaises ont signé un accord visant à freiner le recrutement massif des soignants français par les établissements suisses. Cette initiative vise à protéger les hôpitaux français frontaliers tout en assurant une meilleure répartition des ressources humaines médicales.
L'accord met un terme au démarchage direct des soignants français en poste dans les hôpitaux frontaliers par les HUG, en particulier ceux exerçant en Haute-Savoie et dans l'Ain. Bien que Genève affirme avoir cessé ces pratiques depuis plusieurs années, le nombre de soignants français travaillant en Suisse continue d'augmenter, alimentant un déséquilibre.
Un « gentlemen agreement » pour limiter la fuite des soignants
En octobre, une lettre d'intention a été signée par les autorités françaises et genevoises concernant la gestion du personnel de santé frontalier. Cette entente vise à limiter le recrutement de soignants actifs dans les hôpitaux français frontaliers par les HUG. Bien que les HUG assurent ne plus pratiquer de démarchage actif depuis plusieurs années, le constat montre une augmentation significative du personnel soignant français à Genève, notamment en provenance des départements de l'Ain et de la Haute-Savoie. Christian Dupessey, président du Pôle métropolitain du Genevois français, a souligné la nécessité de mettre en œuvre cette nouvelle politique pour rééquilibrer la situation.
En réponse à cette problématique, les HUG devront aussi inciter les agences d'intérim qu'ils mandatent à respecter ces engagements, en évitant de recruter directement dans les établissements hospitaliers français frontaliers. Cette collaboration transfrontalière marque la volonté des deux parties de prévenir une situation dans laquelle la France se retrouverait en déficit de personnel médical, tandis que Genève bénéficierait d'une main-d'œuvre abondante.
Une réponse à un déséquilibre croissant
Une étude de l'Observatoire transfrontalier des personnels de santé, publiée en mars 2024, indique qu'une grande partie des soignants résidant en Haute-Savoie et dans l'Ain travaille en Suisse. Le rapport montre une augmentation spectaculaire du nombre de travailleurs frontaliers dans le secteur médical de +175 % en dix ans vers le canton de Vaud et +65 % vers Genève. Dans certaines zones proches de la frontière, jusqu'à 80 % des infirmiers et aides-soignants choisissent de travailler en Suisse plutôt qu'en France.
Ce phénomène crée un « déséquilibre transfrontalier », où les hôpitaux français peinent à retenir leur personnel de santé face à la concurrence des salaires suisses plus attractifs. Ce nouvel accord vise à rééquilibrer la situation en limitant les pratiques de recrutement directes, tout en encourageant la formation locale de personnel de santé pour répondre aux besoins des deux pays.
Des initiatives de formation des deux côtés de la frontière
Afin de pallier ce manque de personnel de santé, les deux côtés de la frontière mettent l'accent sur la formation. À Genève, un nouveau Bachelor à temps partiel a été lancé en septembre à la Haute École de Santé, avec une première promotion de douze étudiants. Le canton du Valais a également mis en place une formation similaire visant à renforcer le vivier de soignants dans la région.
Ces initiatives s'inscrivent dans une démarche de long terme afin de former et retenir davantage de soignants dans les régions frontalières. Les autorités des deux pays sont conscientes qu'un effort conjoint est nécessaire pour éviter qu'une « zone désertique » ne se forme en France, tandis que Genève serait surchargée de personnel médical.
Toutefois, malgré cet accord, les HUG continueront à recruter du personnel soignant frontalier, mais uniquement via des candidatures spontanées ou des réponses à des offres d'emploi publiées. Il ne s'agit donc pas d'une interdiction totale, mais plutôt d'une régulation visant à éviter le démarchage agressif qui a contribué à l'exode massif des soignants français vers la Suisse.