Berne veut économiser jusqu’à 400 millions de francs sur les coûts des médicaments

La Confédération suisse s’apprête à réaliser des économies substantielles sur les coûts des médicaments, estimées entre 300 et 400 millions de francs par an.

Photo de Sarah Talbi, une jeune femme aux cheveux longs et châtains, portant des lunettes et un haut noir à manches courtes avec des détails en dentelle. Elle sourit légèrement et se tient devant un fond uni de couleur corail vif.
Par Sarah Talbi Publié le 22 octobre 2024 à 12h10
Médicaments
Berne veut économiser jusqu’à 400 millions de francs sur les coûts des médicaments - © Econostrum.info

La Suisse, malgré un lobbying intense de l'industrie pharmaceutique, prévoit d'économiser 400 millions de francs par an en imposant des réductions sur les médicaments les plus vendus, rapporte le média Watson. Cette mesure, qui vise à alléger les coûts pour les assurés, fait débat dans un secteur crucial pour l'économie suisse.

Les fabricants de médicaments dits « blockbusters » devront reverser une partie de leurs revenus aux assurances maladie, une décision inattendue qui pourrait marquer un tournant dans la régulation du secteur pharmaceutique dans le pays.

Une économie de 400 millions visée sur les médicaments phares

La Suisse s'apprête à imposer des réductions significatives sur les médicaments générant un fort chiffre d'affaires, également appelés blockbusters. Le Parlement helvétique a voté en faveur d'une mesure qui pourrait permettre d'économiser entre 300 et 400 millions de francs par an. Cette initiative intervient dans le cadre d'une volonté générale de maîtriser les coûts des soins de santé, particulièrement élevés dans le pays.

De ce fait, les laboratoires pharmaceutiques seront obligés de reverser une part de leurs revenus aux caisses maladie dès lors que les ventes de leurs produits atteignent un certain seuil, encore à définir. Cette réduction de prix concernera en priorité les médicaments qui réalisent des chiffres d'affaires mondiaux colossaux, comme certains traitements anticancéreux ou contre les maladies chroniques.

Le secteur pharmaceutique résiste mais plie sous la pression

L'annonce de cette réforme a provoqué une réaction immédiate de la part de l'industrie pharmaceutique, qui a fait pression pour retarder la mise en œuvre. En effet, cette mesure va à l'encontre des intérêts économiques d'un secteur clé de l'économie suisse. En 2021, l'industrie pharmaceutique a investi environ 6 milliards de francs dans la recherche et le développement en Suisse, rappelant que ces investissements sont indispensables pour innover dans des traitements coûteux à développer.

Les entreprises du secteur ont souligné que la majorité des projets de recherche échouent et que les revenus générés par les blockbusters sont nécessaires pour compenser ces échecs et continuer à financer de nouvelles thérapies. De plus, les brevets des médicaments expirent après 12 à 15 ans, limitant encore davantage les périodes de profits pour les laboratoires. Cependant, malgré ces arguments, la volonté politique de réduire les coûts des médicaments a prévalu. Même la commission de la santé du Conseil national, initialement favorable à un report, a finalement opté pour un compromis, soutenant la mise en place de cette réduction après des discussions infructueuses entre l'industrie, les caisses maladie et l'administration.

Des médicaments onéreux, mais des avancées pour les assurés

La réforme réjouit les caisses maladie, qui espèrent que les économies réalisées se traduiront par une baisse des primes pour les assurés. Pius Zängerle, directeur de l'association Curafutura, parle d'une « grande avancée », surtout à l'heure où de nouveaux médicaments, comme celui contre la démence, sont attendus sur le marché. En 2023, les assurances maladie suisses ont déjà dépensé environ 190 millions de francs pour un seul traitement et d'autres blockbusters continuent d'entrer sur le marché. L'exemple de l'antidiabétique Ozempic, qui a coûté 74 millions de francs en 2023, illustre bien l'ampleur du problème. Avec des ventes globales atteignant 25 milliards de dollars pour les médicaments les plus populaires, les caisses maladie espèrent alléger considérablement la facture des soins.

Si les contours de cette réforme sont clairs, certains détails restent à préciser. Le seuil de chiffre d'affaires à partir duquel les réductions de prix s'appliqueront aux blockbusters doit encore être défini par ordonnance. De plus, la disponibilité de certaines substances actives et le nombre d'indications remboursées seront également pris en compte pour déterminer l’application de ces réductions.

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