Le rêve d’accéder à un logement abordable en Suisse devient de plus en plus inaccessible pour une large partie de la population.
En Suisse, les logements abordables n’existent plus
Avec des loyers en hausse constante et une offre qui peine à suivre la demande, la situation s'aggrave, notamment pour la classe moyenne, les nouveaux arrivants et les familles monoparentales. Cette crise, qui s'intensifie malgré les efforts des autorités, semble être là pour durer.
Selon plusieurs études, le stress financier lié au logement atteint désormais des niveaux critiques. La Suisse, autrefois perçue comme un pays où l'accès au logement était relativement équilibré, connaît aujourd'hui un bouleversement majeur dans son marché immobilier.
La classe moyenne prise au piège de la hausse des coûts
Selon les rapports de plusieurs quotidiens du groupe Tamedia, les dépenses de logements en Suisse, traditionnellement censées représenter environ 30 % des revenus mensuels, dépassent aujourd'hui largement ce seuil pour une grande partie de la population suisse.
En Outre, un rapport de la Commission Économique des Nations Unies pour l'Europe (UNECE) révèle qu'un nombre croissant de familles suisses consacre plus de 45 % de leurs revenus au logement, un fardeau particulièrement lourd pour la classe moyenne. Cette situation engendre ce que l'on appelle le « stress du logement », touchant désormais environ 38 % des ménages de cette catégorie, bien au-dessus de la moyenne nationale, estimée à 26 %.
Le problème est loin de se limiter à la Suisse. Des pays européens comme le Royaume-Uni ou l'Italie font face à des situations similaires, mais la crise helvétique est exacerbée par une pénurie aiguë de logements disponibles, notamment dans le segment locatif.
Une pénurie de logements qui s'accentue
Le marché du logement suisse est sous pression, la demande étant largement supérieure à l'offre. En 2022, seulement 38 000 nouveaux logements ont été autorisés, alors que la demande était estimée à 50 000. Ce déséquilibre a des conséquences directes sur le taux de logements vacants qui a chuté à 1,08 % en juin 2024, un niveau historiquement bas, marquant une baisse continue depuis 2014. Cette situation devient critique, particulièrement dans les grandes villes et les cantons où les offres se raréfient.
Les ménages à faibles revenus et les personnes âgées sont les premières victimes de cette crise, souvent obligés de quitter leur logement en raison de loyers devenus trop élevés. Cette rareté des logements impacte également le marché de l'emploi, créant des difficultés de recrutement dans certaines régions où le coût de la vie devient un frein pour attirer de nouveaux travailleurs.
Des solutions alternatives émergent, mais sont-elles suffisantes ?
Face à l'ampleur de la crise, des initiatives alternatives comme l'échange d'appartements ont vu le jour. À Lausanne, un projet municipal propose d'échanger des logements pour répondre aux besoins de deux groupes spécifiques, à savoir les familles à la recherche de logements plus grands et les seniors vivant dans des appartements trop spacieux. Zurich a également adopté une approche similaire avec une plateforme privée, Tauschwohnung, qui permet aux locataires d'échanger leurs logements selon leurs besoins respectifs. Bien que ces solutions aient permis de faciliter quelques milliers d'échanges, elles demeurent insuffisantes pour compenser le manque structurel de logements disponibles.
La Confédération suisse tente, de son côté, de prendre des mesures pour endiguer cette crise. Des tables rondes ont été organisées avec différents acteurs du secteur, visant à trouver des solutions à moyen et long terme. Parmi les pistes étudiées figurent la mise en place de prêts à taux préférentiels pour les nouveaux acheteurs ou encore la remise sur le marché de bâtiments vacants. Toutefois, ces initiatives se heurtent à la lenteur administrative et peinent à répondre à l'urgence du problème.