L’acquisition de Credit Suisse a suscité des critiques sur l’impact qu’elle a eu sur le marché bancaire, en particulier pour les services d’UBS.
La qualité des services d’UBS depuis l’acquisition de Credit Suisse vivement critiquée
L'acquisition de Credit Suisse a suscité des critiques sur l’impact qu’elle a eu sur le marché bancaire, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que pour d'autres clients d'UBS. Des experts préconisent une harmonisation avec les règles en vigueur au sein de l'Union européenne.
Bien que la fusion ait fait d'UBS un acteur dominant sur le marché, cela devrait en principe lui permettre d'offrir des services améliorés grâce aux économies d'échelle et à une meilleure gestion de ses ressources. Cependant, l'absence de réelle concurrence dans le secteur bancaire pourrait conduire à un relâchement des standards de service, se traduisant par une détérioration des conditions de crédit et de la qualité des services proposés par UBS.
« Nous sommes déçus par UBS »
Martin Hirzel, président de Swissmem, l’association faîtière de l’industrie, a exprimé la semaine dernière des déceptions quant à la qualité des services d’UBS depuis l'acquisition de Credit Suisse : « nous sommes déçus par UBS ». Il a en effet souligné, en publiant un sondage, que près d'un quart des entreprises interrogées partagent ce sentiment. Du côté de la grande banque, les plaintes de ses clients ne sont considérées que comme du « bruit ».
UBS ne se sent pas concernée lorsqu'une entreprise la critique, car elle est protégée par des lois qui sont difficiles à contourner, révèle le « SonntagsBlick ». En effet, UBS bénéficie d'une protection juridique grâce à une clause de la loi sur les banques qui a limité l'intervention de la Commission de la concurrence (COMCO) lors de la fusion avec Credit Suisse. Bien que la COMCO ait pu alerter la FINMA sur les risques de hausse des prix et de position dominante de la nouvelle grande banque, l'autorité de surveillance des marchés financiers a balayé ces inquiétudes. La FINMA a priorisé la solidité financière d'UBS, et non la qualité des services bancaires offerts aux entreprises industrielles.
Le droit suisse est peu adapté à la surveillance des marchés complexes
La législation sur la concurrence offre également une solide protection à UBS. En effet, la Commission de la concurrence (COMCO) ne peut intervenir qu'après coup, au cas par cas. Ainsi, en cas de plainte pour pratiques abusives contre UBS, la COMCO devrait enquêter non seulement auprès de la banque aux trois clés, mais aussi auprès d'autres établissements. Après plusieurs années, un verdict pourrait finalement être rendu, condamnant la banque à une amende. Cependant, le problème est que l'infraction sur le marché serait alors bien ancienne, et la situation concurrentielle aurait évolué dans l'intervalle.
Patrick Krauskopf, professeur en droit de la concurrence, appelle à une révision de cette législation, suggérant l'adoption d'enquêtes sectorielles, comme celles utilisées en Allemagne, pour mieux répondre aux évolutions du secteur financier. « Le droit suisse actuel de la concurrence est peu adapté à la surveillance des marchés complexes », a expliqué Patrick.La COMCO préconise également l'instauration de ces enquêtes sectorielles, comme elle l'a souligné dans son avis sur l'acquisition de CS.