En Suisse, le système de formation par apprentissage, souvent salué à l'international, rencontre des difficultés croissantes au sein des petites et moyennes entreprises (PME). Selon un récent sondage mené par l'assureur AXA, peu de PME helvétiques proposent des places d'apprentissage.
Par ailleurs, le marché du travail suisse est marqué par une pénurie croissante de personnel, accentuée par la difficulté des PME à offrir des opportunités d'apprentissage. Malgré des efforts pour adapter les conditions de travail, de nombreuses entreprises peinent à attirer des apprentis, révélant un déséquilibre préoccupant dans la formation des jeunes talents.
Les obstacles à l'apprentissage au sein des PME
L'enquête menée par AXA révèle que seulement 40 % des PME suisses participent activement à la formation des futurs professionnels. La majorité des entreprises qui n'offrent pas de places d'apprentissage invoquent un manque de conditions adéquates pour encadrer les jeunes. En effet, l'absence de formations spécifiques à leur domaine d'activité et le manque de ressources nécessaires à la formation sont des obstacles majeurs. Environ un tiers des PME ne disposent pas du temps ou des qualifications pour assurer une formation de qualité, car la plupart comptent moins de cinq employés, ce qui limite leur capacité à encadrer de nouveaux venus.
Une difficulté de recrutement malgré des salaires intéressants
Les entreprises suisses, en particulier dans les secteurs de la construction, de la santé et du social, font face à une pénurie persistante de personnel. Pour remédier à cette situation, elles offrent de plus en plus de postes à temps partiel et proposent des conditions de travail flexibles, telles que le télétravail. Malgré ces efforts, seulement 37 % des PME soutiennent l’introduction d’une semaine de quatre jours, une mesure qui pourrait pourtant attirer de nouveaux talents. Par ailleurs, un quart des PME choisissent d'augmenter les salaires lors des entretiens d'embauche pour attirer des candidats, et un tiers d'entre elles utilisent des augmentations salariales pour fidéliser leur personnel.
La crise de l'apprentissage est particulièrement sévère dans les secteurs manufacturiers et artisanaux. Les métiers manuels, tels que ceux dans la construction et les services de maintenance, sont moins attirants pour les jeunes en raison des conditions de travail moins favorables, des horaires décalés et des salaires généralement inférieurs à ceux offerts dans les secteurs des services. Michael Hermann, directeur de l'institut de recherche Sotomo, souligne que les métiers de production, souvent associés à des tâches physiques et à des horaires moins attractifs, peinent à attirer les jeunes.
Les initiatives des grandes entreprises et du secteur public
Face à cette crise, certaines grandes entreprises continuent d’investir dans la formation des apprentis. Nestlé, par exemple, se concentre sur des métiers techniques et spécialisés tels que la technologie alimentaire et l'automatisation, en réponse à une demande croissante dans ces domaines. De même, Migros constate des difficultés pour pourvoir des places dans l’artisanat et le commerce de détail, alors que ces métiers sont moins demandés que les professions dans l'administration ou l'informatique.
Le secteur public joue également un rôle crucial dans la formation des jeunes. La Confédération suisse forme environ 1 000 apprentis chaque année, bien que certains métiers, comme ceux dans les services manuels ou la logistique, restent difficiles à pourvoir. La Poste, avec ses 1 844 apprentis, rencontre également des difficultés pour attirer de jeunes talents dans certains domaines.