L'endettement persistant est une crise silencieuse qui menace les ménages suisses. En 2023, plus de 6000 familles se sont tournées vers les services d'aide pour gérer leurs dettes, un phénomène qui révèle une tendance inquiétante. Contrairement à d'autres pays, les dettes en Suisse peuvent rester jusqu'à la fin de la vie.
En 2023, les services spécialisés en gestion des dettes en Suisse ont enregistré une augmentation marquée des demandes d'aide, passant de 5 216 ménages en 2022 à 6 169 l'année suivante. Cette tendance est attribuée à divers facteurs, notamment l'inflation qui a particulièrement impacté les foyers à faibles revenus. Selon Pascal Pfister, directeur de Dettes Conseils Suisse (DCS), « certains services spécialisés enregistrent une véritable ruée », soulignant ainsi l’urgence de la situation.
Les conséquences de cet endettement sont lourdes en raison de la valeur moyenne des dettes qui s’élève à 61 459 francs, avec des montants variant de 12 577 à 70 963 francs. Les dettes fiscales et celles envers les caisses maladie représentent une part importante de ces montants, souvent accentuées par les frais de santé impayés.
La nécessité d'une réforme de l'État
L'endettement a un impact significatif sur l'État, qui se retrouve à prendre en charge une partie importante de ces dettes, dont environ 55 % sont dues aux créances fiscales. Actuellement, les personnes saisies ne peuvent pas payer leurs impôts courants, ce qui aggrave leur situation financière et les entraîne dans un cercle vicieux d'endettement.
En réponse à cette crise, le Parlement suisse a reconnu la nécessité de réformer le calcul du minimum vital des débiteurs pour inclure les impôts. Cette mesure, si elle est adoptée, offrirait un soulagement aux personnes endettées, leur permettant de gérer plus efficacement leur situation financière sans accumuler de nouvelles dettes fiscales.
Vers des solutions durables
Les discussions en cours au Conseil fédéral visent à introduire des procédures d'assainissement permettant une libération des dettes résiduelles. Un projet de loi est attendu d'ici la fin de l'année pour examiner ces propositions. Parallèlement, une meilleure prévention est jugée essentielle pour éviter que de nouveaux ménages ne tombent dans cette situation. Pascal Pfister appelle à une révision des politiques existantes pour offrir une véritable seconde chance aux personnes endettées, en affirmant que « tout cela améliorerait nettement la situation des personnes endettées en Suisse ». Il faut dire que l'endettement des ménages suisses est un problème croissant nécessitant une intervention législative et des réformes structurelles pour offrir des solutions durables et soulager les familles touchées.