Réforme de l’AVS : Une « pénalité » pour les Suisses qui envisagent une retraite anticipée selon Baume-Schneider

La réforme de l’AVS 2030, portée par Elisabeth Baume-Schneider, vise à rendre les retraites anticipées moins attractives, tout en encourageant les travailleurs à prolonger leur carrière après 65 ans.

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Réforme de l'AVS
Réforme de l'AVS : Une "pénalité" pour les Suisses qui envisagent une retraite anticipée selon Baume-Schneider : Crédit : RTS | Econostrum.info - Suisse

La réforme de l’AVS 2030, menée par la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider, suscite de vifs débats. Alors que la Suisse fait face à un vieillissement démographique croissant, le système de retraite est sous pression. 

L’objectif principal de cette réforme est d’encourager les travailleurs à prolonger leur activité professionnelle après 65 ans, tout en rendant les retraites anticipées moins attrayantes. Mais en mettant l’accent sur les réductions de rentes pour les départs anticipés et en introduisant de nouvelles incitations pour le report de la retraite, Baume-Schneider crée un fossé entre les partisans et les opposants de cette réforme.

La réforme de l’AVS : faire durer la vie active au-delà de 65 ans

L’un des objectifs centraux de la réforme proposée par Elisabeth Baume-Schneider est de repousser l’âge de la retraite pour encourager les Suisses à rester plus longtemps dans la vie active. Actuellement, ceux qui choisissent de partir à la retraite un an avant l’âge légal voient leur rente AVS réduite de 6,8%, et ceux qui partent deux ans avant doivent accepter une réduction de 13,6%. Ces réductions sont maintenues dans le cadre de la réforme, et le gouvernement envisage même de les augmenter, afin de décourager les départs anticipés.

La ministre des Affaires sociales propose également des mesures pour renforcer le deuxième pilier, celui des caisses de pension. Le projet prévoit de relever l’âge minimum pour prendre sa retraite anticipée dans le cadre des caisses de pension, qui passerait de 58 à 63 ans, alignant ainsi cette condition avec celle du premier pilier (l’AVS). Ces ajustements visent à créer des incitations financières pour encourager les travailleurs à prolonger leur activité au-delà de 65 ans, un âge qui deviendrait la norme pour le départ à la retraite.

La logique derrière cette mesure est de préserver la viabilité financière du système de retraite. En prolongeant la durée de cotisation et en réduisant le nombre de retraités, le gouvernement espère alléger la pression sur les finances publiques tout en répondant à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs. Toutefois, cette approche soulève des préoccupations concernant les travailleurs qui, en raison de conditions de travail difficiles, ne peuvent pas se permettre de prolonger leur carrière.

Les critiques de la réforme : inégalités et mécontentement social

La réforme de l’AVS n’est pas sans provoquer des oppositions, notamment parmi les partis de gauche, qui estiment que cette approche ne prend pas suffisamment en compte les inégalités sociales et les métiers pénibles. Samira Marti, coprésidente du groupe PS, s’est exprimée sur le sujet en soulignant que l’augmentation des taux de réduction pour les retraites anticipées est un « changement de paradigme » qui pénalise surtout les travailleurs issus de milieux modestes, relate Blick. Elle déplore également que les solutions proposées par le gouvernement ne résolvent pas les problèmes de fond de la politique sociale, notamment l’absence de mesures concrètes pour les plus vulnérables.

Les critiques viennent également du côté des partis de droite et des économistes qui estiment que la réduction des incitations à la retraite anticipée pourrait avoir des conséquences néfastes sur le marché du travail. Damian Müller, conseiller aux Etats PLR, affirme que les retraites anticipées volontaires, bien qu’elles puissent être perçues comme une charge pour l’AVS, permettent aux travailleurs de quitter le marché du travail sans attendre l’âge légal de la retraite. Pour lui, au lieu de pénaliser ces départs anticipés, la Suisse devrait encourager ceux qui souhaitent prolonger leur carrière, notamment pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

En outre, certains estiment que la réforme pourrait créer des disparités importantes entre les classes sociales. Les travailleurs à faible revenu, souvent dans des secteurs physiquement exigeants, seraient particulièrement pénalisés par ces mesures. La proposition d’ajuster les taux de réduction en fonction du revenu, bien que présentée comme un compromis, suscite des interrogations sur son efficacité et son équité.

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