Depuis plusieurs années, la Suisse connaît une flambée des prix immobiliers qui a profondément modifié le paysage économique, notamment pour les propriétaires de longue date. Si cette hausse des prix a été bénéfique pour certains investisseurs, elle représente un défi de taille pour ceux qui possèdent leur bien depuis plusieurs décennies.
L’envolée des prix de l’immobilier place de plus en plus de propriétaires dans une situation délicate, notamment en ce qui concerne leur capacité à assumer les charges liées à leur bien immobilier à l’approche de la retraite. Cette situation soulève des questions cruciales sur la viabilité financière à long terme pour ceux qui espèrent continuer à vivre dans leur logement sans sacrifier leur qualité de vie.
L’augmentation des prix immobiliers : un fardeau pour les propriétaires de longue date
Au cours des 25 dernières années, les prix de l’immobilier en Suisse ont doublé, créant une pression financière croissante sur les propriétaires qui ne s’étaient pas préparés à une telle évolution. Selon une analyse menée par Moneypark sur 500 biens immobiliers achetés en 2000, la valeur moyenne des propriétés est passée de 730 000 francs à 1,42 million de francs. Ce doublement des prix a entraîné une augmentation des critères de solvabilité pour bénéficier d’un prêt hypothécaire, qui sont désormais calculés en fonction de la valeur du bien.
Ces critères reposent notamment sur la capacité financière du propriétaire, en particulier sur les frais d’entretien et les charges, qui représentent environ 1% de la valeur du bien. Pour être considéré comme solvable, un propriétaire doit veiller à ce que ses dépenses liées à son logement, y compris l’entretien et les charges, ne dépassent pas un tiers de ses revenus. Cependant, avec la hausse des prix de l’immobilier, les frais d’entretien et les charges ont eux aussi augmenté, obligeant les propriétaires à dégager des revenus supplémentaires pour faire face à ces coûts croissants.
Dans son communiqué, Moneypark souligne que l’augmentation de la valeur d’un bien immobilier entraîne également une hausse du montant des frais d’entretien et des charges, ce qui place une pression supplémentaire sur les propriétaires. De plus, si l’état du bien se détériore avec le temps, le pourcentage des frais utilisés pour calculer la capacité financière peut encore augmenter, exacerbant davantage cette situation.
Des rentes insuffisantes pour faire face aux charges croissantes
L’un des problèmes majeurs que rencontrent les propriétaires vieillissants en Suisse est l’insuffisance de leur rente au moment du départ à la retraite. Même si les salaires nominaux ont progressé de 30% au cours des 25 dernières années, la situation se complique au moment de la retraite, où les rentes ne sont souvent pas suffisantes pour couvrir les charges croissantes liées à la propriété.
Le média Watson a traité l’exemple d’un propriétaire dont le revenu avant la retraite était d’environ 170 000 francs. Dans ce cas, si ce propriétaire n’a effectué que l’amortissement obligatoire de son hypothèque, il aurait besoin d’une rente d’environ 116 000 francs pour couvrir les charges d’entretien et les frais supplémentaires générés par la hausse de la valeur du bien immobilier. Cela représente environ 89% du dernier revenu. Or, selon les normes de l’AVS et de la caisse de pension, un taux de remplacement de 60% du dernier revenu est visé, ce qui signifie que la rente atteint environ 102 000 francs, bien en deçà des besoins de ce propriétaire.
Cette situation met en lumière un problème majeur pour de nombreux propriétaires vieillissants : la capacité financière est de plus en plus difficile à garantir, notamment en raison de l’augmentation des charges liées à la propriété. De plus, la rigidité des réglementations en matière de prêts hypothécaires et de solvabilité empêche souvent les propriétaires d’adapter leur situation financière à la hausse des coûts, rendant leur maintien dans le logement de plus en plus problématique.
Un autre point préoccupant est que plus des trois quarts des personnes âgées de 61 à 65 ans souhaitent continuer à vivre dans leur logement. Cependant, avec des charges croissantes et des rentes insuffisantes, de nombreux propriétaires risquent de ne pas pouvoir assumer financièrement leur logement à long terme, ce qui pose un défi pour les politiques publiques visant à soutenir cette population.








