Hausse de la TVA : Les Suisses devront payer plus d’impôts pour financer l’armée

La proposition d’augmenter la TVA pour financer l’armée suisse divise la classe politique, avec des soutiens et des oppositions qui soulignent des enjeux sécuritaires et budgétaires importants.

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Hausse de la TVA : Les Suisses devront payer plus d'impôts pour financer l’armée : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

Dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, notamment avec la guerre en Ukraine, le Conseil fédéral suisse envisage une augmentation de la TVA pour financer la défense du pays. Cette proposition, formulée par le conseiller fédéral Martin Pfister, vise à répondre aux défis sécuritaires posés par la menace militaire russe. 

En introduisant une hausse de 0,5% de la TVA, le ministre de la Défense espère garantir une préparation adéquate face à l’incertitude géopolitique de l’Europe. Cependant, cette idée suscite des réactions divergentes au sein du paysage politique suisse, divisant notamment entre ceux qui jugent cette mesure nécessaire et ceux qui la perçoivent comme prématurée et inappropriée.

La défense suisse face à une menace russe : une justification géopolitique

L’idée d’augmenter la TVA pour financer l’armée suisse est d’abord ancrée dans des préoccupations sécuritaires croissantes en Europe. Martin Pfister, qui assume la responsabilité de la défense nationale, justifie cette proposition par la nécessité de renforcer rapidement les capacités militaires de la Suisse face à une menace russe potentielle. Selon lui, la Russie pourrait lancer une nouvelle attaque en Europe d’ici 2028 ou 2029, relate la RTS. Cette hypothèse, bien que controversée, repose sur la conviction que la Suisse, tout en restant neutre, doit être prête à répondre à toute agression susceptible de déstabiliser la région.

Le financement de cette réorganisation passe donc par une augmentation de la TVA de 0,5%. Ce projet s’inscrit dans une volonté de renforcer les dépenses militaires pour moderniser l’équipement de l’armée, assurer sa préparation et sa réactivité face à des risques éventuels. En effet, le budget militaire suisse est en constante augmentation, avec l’objectif d’atteindre 1% du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2032. Cela s’inscrit dans un plan visant à maintenir une défense nationale adéquate, en phase avec les évolutions géopolitiques, mais également pour sécuriser des infrastructures stratégiques et de soutien à la défense.

Cette initiative de financement par la TVA s’inscrit dans une logique déjà éprouvée par le gouvernement suisse, qui a utilisé ce levier pour financer d’autres projets d’envergure, comme les retraites ou les infrastructures ferroviaires. L’idée est donc d’assurer une stabilité financière pour le domaine militaire tout en évitant de recourir à d’autres sources de financement plus complexes ou incertaines.

Les oppositions politiques et les obstacles d’un tel projet

Malgré l’argumentaire sécuritaire, la proposition d’une augmentation de la TVA pour financer l’armée rencontre une forte opposition, particulièrement du côté de certains membres de la gauche et du centre. Pierre-Alain Fridez, conseiller national (PS/Jura), critique vigoureusement l’idée, estimant qu’une telle mesure serait inefficace avant 2028 et ne répondrait pas aux besoins immédiats de l’armée suisse. Il souligne que de nombreux projets militaires en cours n’ont pas encore été concrétisés et que l’urgence d’un réarmement rapide n’est pas évidente. Selon lui, l’hypothèse d’une attaque russe en Europe dans les années à venir relève davantage du fantasme que d’une analyse rationnelle de la situation. Pour Fridez, la proposition de Pfister pourrait servir à justifier une augmentation des dépenses militaires plutôt qu’une réelle réponse à un danger immédiat.

D’un autre côté, les partisans de l’initiative, notamment au sein des partis bourgeois, appellent à une action rapide pour répondre à la « nouvelle donne sécuritaire » en Europe. Benedikt Würth, conseiller aux Etats (Centre/SG), avait déjà plaidé pour cette hausse de la TVA l’année dernière. Il considère qu’investir dans la défense est désormais une priorité politique absolue. Selon lui, la Suisse ne peut se permettre de négliger la modernisation de ses capacités militaires face à une situation mondiale de plus en plus incertaine, notamment avec la guerre en Ukraine et les tensions croissantes avec la Russie.

Toutefois, malgré le soutien de certains secteurs politiques, cette mesure devra passer par un vote populaire, un processus nécessaire en Suisse pour toute modification de la TVA. Les sondages actuels montrent que la population est assez réticente à l’idée d’augmenter les fonds alloués à l’armée. Cette réticence est compréhensible dans un contexte où les citoyens suisses sont traditionnellement très attachés à la rigueur budgétaire et au contrôle des dépenses publiques. De plus, l’augmentation de la TVA pourrait être perçue comme une charge supplémentaire pour les consommateurs, d’autant plus que l’augmentation des crédits militaires n’aurait un effet tangible qu’à long terme.

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