Fini l’augmentation des primes en Suisse ? Ces cantons passent au plafonnement pour soulager les assurés

Le plafonnement des primes d’assurance maladie en Suisse est une réforme complexe et décentralisée, qui reflète les réalités économiques et sociales spécifiques à chaque canton.

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Fini l’augmentation des primes en Suisse ? Ces cantons passent au plafonnement pour soulager les assurés : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

L’augmentation constante des primes d’assurance maladie est un problème récurrent en Suisse, qui touche une part importante de la population. En 2024, une initiative populaire lancée par le Parti socialiste (PS) pour instaurer un plafonnement national des primes a échoué, avec un rejet de 55 % des électeurs. 

Depuis, le gouvernement suisse a opté pour une approche cantonale, donnant aux régions la responsabilité de fixer un plafond sur les primes d’assurance maladie d’ici 2030. Ce système permet aux cantons d’adopter des mesures en fonction de leurs réalités économiques et sociales, tout en visant à alléger la charge financière des assurés.

Un plafonnement des primes selon les cantons : des solutions adaptées aux réalités locales

Le processus de plafonnement des primes d’assurance maladie varie grandement d’un canton à l’autre. Alors que la Confédération a choisi de ne pas imposer un plafond national, chaque canton est désormais responsable de définir le pourcentage maximal que les assurés peuvent dépenser par rapport à leur revenu disponible. Cette réforme vise à apporter une réponse plus ciblée aux disparités socio-économiques qui existent entre les différentes régions de la Suisse. Si certains cantons ont déjà adopté des plafonds, d’autres sont encore en train d’élaborer leurs propositions.

Par exemple, les cantons de Vaud et des Grisons ont opté pour un plafond de 10 % du revenu des assurés, ce qui permet de limiter la part des primes dans le budget des ménages. À Appenzell Rhodes-Intérieures, le plafond varie entre 7 % et 12 %, en fonction du revenu et de la fortune, et dans le canton de Schaffhouse, les assurés peuvent demander des réductions de primes si celles-ci dépassent 15 % de leur revenu. Ce système flexible permet à chaque canton d’adopter une approche qui prend en compte les spécificités locales, tout en respectant l’objectif de maintenir les primes à un niveau supportable pour les assurés.

Le canton de Zoug, quant à lui, a instauré un plafond de 8 % pour les foyers économiquement modestes. De plus, Zoug a prévu une baisse progressive des charges liées aux primes, avec une réduction attendue à seulement 4 % d’ici 2026, grâce à la prise en charge quasi totale des coûts hospitaliers. Cette initiative est un exemple de ce que certains cantons espèrent réaliser : un plafonnement qui s’accompagne d’une gestion plus efficace des coûts, pour réduire l’impact financier des soins sur les assurés.

La pression populaire et les divergences d’opinion sur l’efficacité du plafonnement

Si plusieurs cantons ont avancé rapidement dans l’adoption de plafonds de primes, d’autres sont encore dans la phase de consultation ou d’élaboration de propositions. Au Tessin, par exemple, une initiative populaire cantonale a conduit à l’adoption d’un plafond de 10 %. À Bâle-Ville, le Grand Conseil a approuvé une motion demandant un plafond de 10 %, et à Berne, une intervention parlementaire propose une limite aussi proche que possible de 10 %. D’autres cantons, comme Fribourg et Neuchâtel, sont encore en discussion sur les modalités exactes du plafonnement.

Cependant, cette politique ne fait pas l’unanimité. Le gouvernement de Lucerne, s’est opposé à l’idée de plafonner les primes, arguant que cette mesure ne réglerait pas les causes profondes de l’augmentation des coûts de la santé. Selon lui, le plafonnement risque de créer de mauvais incitatifs et ne résoudra pas les problèmes structurels du système de santé, tels que la gestion des soins et les incitations à la surconsommation, rapporte Blick. Cette position fait écho aux critiques de ceux qui estiment que des mesures plus structurelles, comme un meilleur pilotage des coûts ou une réforme des soins, seraient nécessaires pour maîtriser l’augmentation des primes à long terme.

Malgré ces réserves, la pression populaire reste forte dans de nombreux cantons. À Glaris, une proposition visant à limiter les primes à 15 % du revenu est en cours de discussion, et d’autres cantons récoltent des signatures pour soutenir des initiatives similaires. Il est donc clair que la question du plafonnement reste un sujet brûlant dans le débat public. À mesure que les élections cantonales approchent, ces mesures risquent de devenir un enjeu majeur dans les discussions sur la réforme du système de santé.

Une pression financière croissante pour les cantons

D’ici 2028, les cantons devront financer une part minimale des coûts de l’assurance de base obligatoire, avec des taux fixés entre 3,5 % et 7,5 %, selon la situation socio-économique de chaque canton. Si certains cantons, comme Genève, contribuent déjà bien au-delà du minimum requis, d’autres, comme Lucerne, peinent à atteindre les seuils fixés par la Confédération. Le canton de Schwytz, pour sa part, devra dégager 17,3 millions de francs supplémentaires d’ici 2028, tandis que Saint-Gall devra mobiliser 60 millions de francs pour respecter les nouvelles obligations.

Ces ajustements financiers montrent à quel point la question du plafonnement des primes est indissociable de la question du financement du système de santé. En effet, si les cantons doivent mettre en place des plafonds de primes, ils devront également trouver des moyens de financer ces réductions, sans compromettre la qualité des soins. Cela représente un défi majeur, notamment pour les cantons les plus pauvres, qui risquent de voir leurs finances publiques mises sous pression.

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