Le Conseil fédéral a annoncé le maintien du taux d’intérêt minimal de la prévoyance professionnelle (LPP) à 1,25% pour l’année 2026. Cette décision, qui régule la rémunération des avoirs de la prévoyance vieillesse, a été largement critiquée par les syndicats, qui jugent ce taux insuffisant pour garantir une retraite digne aux travailleurs suisses.
Les caisses de pension, bien que solides, continuent de faire face à des rendements modestes, exacerbés par les incertitudes économiques mondiales. Cette décision du gouvernement, qui suit les recommandations de la Commission fédérale de la prévoyance professionnelle, est au cœur de vifs débats sur l’équilibre entre les besoins des assurés et la stabilité des caisses de pension.
Le rôle crucial du taux minimal LPP pour les futurs retraités
Le taux minimal appliqué aux avoirs de la prévoyance professionnelle LPP est un élément déterminant pour les travailleurs suisses, car il influe directement sur le montant final des rentes de vieillesse. Sur le long terme, un taux d’intérêt plus élevé permet de faire fructifier l’épargne vieillesse des assurés et, par conséquent, de garantir des rentes plus conséquentes à la retraite. Le taux minimal de 1,25% annoncé pour 2026 pourrait ne pas refléter adéquatement l’évolution des salaires ni la hausse de l’inflation des dernières années, comme le soulignent les critiques. En effet, bien que les rendements des caisses de pension aient été solides en 2025 avec un rendement moyen pondéré de 2% au troisième trimestre, les rendements demeurent faibles par rapport à des périodes précédentes, notamment en raison des rendements modérés des obligations d’État.
Dans ce contexte, le Conseil fédéral a annoncé dans un communiqué avoir choisi de maintenir le taux à 1,25%, arguant que les incertitudes économiques mondiales – que ce soit la politique monétaire, les tensions géopolitiques ou les risques commerciaux – rendent difficile une hausse du taux minimal. La Commission fédérale de la prévoyance professionnelle, instance qui regroupe syndicats, employeurs et assureurs, a recommandé la stabilité du taux, estimant que, bien qu’une augmentation puisse être envisagée, elle ne serait pas justifiée compte tenu des rendements modestes des investissements actuels. Cette stabilité a été jugée comme une mesure de prudence, bien que certaines voix dans la commission plaidaient pour une légère augmentation afin de mieux refléter la réalité économique. La conséquence directe de cette décision est que les assurés devront s’attendre à une modeste progression de leur capital vieillesse en 2026.
Le taux minimal de 1,25% reste donc crucial dans la dynamique de la prévoyance vieillesse en Suisse. Sa stabilité pourrait, à court terme, garantir un certain équilibre pour les caisses de pension, mais cela limite également la capacité de l’épargne vieillesse à suivre le rythme de l’inflation et de l’évolution des salaires. Ce taux devient ainsi un facteur essentiel dans la question de la sécurité financière des retraités suisses, et la manière dont il est perçu varie en fonction des intérêts en présence.
Les critiques et les divergences sur la politique du taux minimal
Le maintien du taux minimal à 1,25% a immédiatement provoqué une vive réaction des syndicats, notamment l’Union syndicale suisse (USS). Le président de l’USS, Pierre-Yves Maillard, a exprimé sa déception face à cette décision, soulignant que le taux actuel de 1,25% est bien en deçà des attentes des travailleurs suisses, relate Blick. Pour les syndicats, ce taux ne permet pas de compenser les pertes subies face à l’inflation ni de suivre l’évolution des salaires. Ils appellent ainsi à une réévaluation du taux minimal à 1,5% pour 2026, estimant que cela permettrait de mieux répondre aux besoins des assurés. Selon Maillard, les rendements élevés réalisés par les caisses de pension ne bénéficient pas suffisamment aux assurés, ce qui nourrit la frustration sur la question du partage des bénéfices générés par ces rendements.
Un autre point de critique majeur réside dans les réserves record accumulées par les caisses de pension, qui, selon les syndicats, ne sont pas partagées de manière équitable. En effet, si les institutions de prévoyance ont connu des excédents, ces derniers n’ont pas été répercutés sur le taux d’intérêt minimal, ce qui renforce les critiques sur l’insuffisance du rendement de l’épargne vieillesse. Les syndicats estiment que ces réserves devraient être utilisées pour augmenter le rendement des comptes de prévoyance, afin de mieux protéger les assurés contre les fluctuations économiques.
De l’autre côté du spectre, les milieux patronaux ont une vision bien différente de la question. L’Union patronale suisse, représentée par Barbara Zimmermann-Gerster, a exprimé une position plus modérée. Bien que certains acteurs aient suggéré une réduction du taux minimal à 1%, ils ont salué la décision du Conseil fédéral de maintenir la stabilité. En effet, dans un environnement économique marqué par des rendements financiers faibles et des incertitudes persistantes, une réduction aurait pu avoir des conséquences néfastes pour les travailleurs suisses. Pour les employeurs, la stabilité du taux est perçue comme une solution prudente face aux conditions économiques actuelles, même si une baisse à 1% aurait pu s’avérer justifiée selon certains experts.
Cette divergence entre syndicats et milieux patronaux révèle la complexité du débat autour de la prévoyance vieillesse en Suisse. Les syndicats cherchent une meilleure rémunération de l’épargne vieillesse des assurés, tandis que les employeurs se préoccupent de la stabilité du système de prévoyance, notamment face aux risques économiques mondiaux. Ce débat soulève une question fondamentale : comment assurer un rendement suffisant pour les travailleurs tout en garantissant la pérennité du système de prévoyance?








