En Suisse, la prévoyance vieillesse est un enjeu crucial, touchant tous les travailleurs et leurs futures conditions de vie à la retraite. Malgré l’importance de ce sujet, un nombre significatif de citoyens ne maîtrise pas les concepts fondamentaux relatifs à leur retraite.
Alors que 74% des Suisses s’intéressent à la question, seule une infime minorité (1%) comprend véritablement les bases nécessaires pour prendre des décisions éclairées. Cette ignorance aboutit souvent à de mauvaises décisions financières, et bien que l’envie de se préparer pour la retraite soit présente, l’absence de compréhension en fait un sujet complexe.
Le fossé entre intérêt et compréhension : un manque de connaissances profond
Une étude de la Haute École de Lucerne, menée auprès de plus de 1250 personnes, révèle un constat alarmant : bien que la majorité des Suisses s’intéressent à leur prévoyance vieillesse, la compréhension des mécanismes de la retraite demeure insuffisante. Des termes tels que le deuxième et le troisième pilier, ou encore le taux de conversion, sont pour beaucoup des énigmes. Seul 1% des participants à cette étude ont répondu correctement à toutes les questions, et en moyenne, les répondants ont obtenu seulement 45% de bonnes réponses. La méconnaissance des principaux mécanismes de la prévoyance vieillesse est donc un obstacle majeur, et cette ignorance conduit de nombreux assurés à faire des choix inadaptés qui auront des conséquences financières sérieuses à la retraite.
Les conséquences sont parfois dramatiques. De nombreuses personnes, faute de savoir comment gérer efficacement leurs finances de prévoyance, prennent des décisions qui ne sont pas optimales pour leur avenir. Par exemple, choisir entre une rente ou un capital pour leur retraite est souvent un choix mal compris, ce qui peut mener à des problèmes financiers. Un autre problème majeur est que beaucoup ignorent leurs lacunes en matière de connaissances, ce qui les empêche de rectifier leur planification. La professeure Yvonne Seiler Zimmermann, directrice de l’étude de Lucerne, souligne que cette méconnaissance est particulièrement problématique, car elle pousse à prendre de mauvaises décisions de manière inconsciente, en particulier sur des éléments cruciaux comme le taux de conversion ou les options de versement à la retraite.
Agir tôt pour éviter des erreurs coûteuses : l’importance de la sensibilisation
Un autre aspect crucial est la prise de conscience tardive des individus concernant l’impact de leurs décisions sur leur avenir financier. Beaucoup ne commencent à se soucier de leur retraite qu’à l’approche de l’âge de la retraite, un moment où il devient difficile de corriger les erreurs passées. Roxane Ecoffey, spécialiste en prévoyance professionnelle, insiste sur l’importance d’agir de manière proactive tout au long de sa carrière, rapporte RTS.ch. Selon elle, trop de personnes attendent qu’un événement marquant, comme un divorce, un achat immobilier ou une perte d’emploi, leur fasse réaliser l’importance de la prévoyance vieillesse. « À partir du moment où l’on est proche de l’âge de la retraite, il devient difficile de renverser totalement la situation », avertit-elle.
Elle recommande fortement de commencer à réfléchir à la prévoyance bien avant, et ce, dès le début de la carrière professionnelle. « Faire le point sur sa situation à différents moments de la carrière peut vraiment faire la différence », ajoute-t-elle. En effet, ajuster ses choix à chaque étape permet de mieux se préparer pour l’avenir et d’éviter de se retrouver à quelques années de la retraite sans avoir pu corriger ses erreurs passées.
De plus, Roxane Ecoffey plaide pour une approche plus systématique de l’information en matière de prévoyance. Selon elle, il serait judicieux que les caisses de pension proposent des sessions d’information dès l’entrée dans le monde du travail. Il est important de rendre la prévoyance accessible en simplifiant le vocabulaire complexe qui peut sembler abstrait pour les jeunes travailleurs. Lors de la réception des relevés annuels, Ecoffey recommande également de prendre une heure par an pour bien les comprendre, poser des questions à sa caisse de retraite et obtenir des réponses claires. « N’hésitez pas à solliciter votre caisse, car vous avez face à vous des spécialistes qui peuvent prendre le temps de vous expliquer », conseille-t-elle.
