Billets d’avion en folie, trains en hausse : pourquoi la Suisse paye le prix fort

Le rail devient plus compétitif face à l’avion en raison de l’augmentation des prix aériens, mais la Suisse reste en retard par rapport à d’autres pays européens.

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Train
Train : la Suisse est dans le ventre mou du classement en termes de prix des liaisons internationales : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

Le train a connu une dynamique intéressante ces dernières années, notamment en Europe, où il semble devenir une alternative plus compétitive à l’avion sur certaines lignes. Bien que cette tendance reste encore modeste, elle reflète une évolution significative dans le secteur du transport, d’autant plus que les préoccupations écologiques prennent une place de plus en plus importante dans les choix des voyageurs. 

Mais malgré cette compétitivité retrouvée, force est de constater que la Suisse, elle, reste à la traîne en comparaison avec d’autres régions d’Europe. Une analyse détaillée  de Greenpeace a permis de comprendre les enjeux actuels du rail face à l’aviation.

L’évolution des prix : une compétitivité retrouvée pour le rail

Ces deux dernières années, une tendance notable s’est dessinée en Europe, selon un rapport publié par Greenpeace. Le coût des billets d’avion a connu une augmentation plus marquée que celui des billets de train, ce qui a rendu certaines lignes ferroviaires plus compétitives. En effet, la part des trajets où le train est moins cher que l’avion est passée de 27% en 2023 à 41% en 2025, une augmentation de 14 points. Ce phénomène n’est pas dû à une baisse des prix des billets de train, mais plutôt à la hausse rapide des tarifs aériens, notamment sur les lignes à bas coût, souvent fragilisées par une offre moins dense et une hausse des taxes aéroportuaires. Ces augmentations ont fait pencher la balance en faveur du train pour plusieurs trajets européens.

Cette évolution est d’autant plus marquante qu’elle se base sur des améliorations dans l’offre ferroviaire, avec des liaisons de plus en plus rapides et pratiques, ainsi que sur une réduction des options aériennes à bas prix, qui étaient autrefois les grandes rivales du rail en termes de coûts. Mais bien que ces progrès soient notables, Greenpeace souligne que cette évolution reste trop lente pour avoir un impact substantiel sur la crise climatique. Selon l’ONG, une refonte totale du système de tarification des transports est nécessaire pour rendre le train systématiquement plus abordable que l’avion, et ce, sur l’ensemble du réseau européen.

La Suisse : une situation en demi-teinte

Du côté de la Suisse, bien que l’on observe quelques améliorations, la situation reste relativement mitigée. Si certaines liaisons ont vu leurs prix se rapprocher de ceux des vols, la majorité des trajets internationaux restent encore largement dominés par les tarifs aériens. Selon l’étude de Greenpeace, les bonnes affaires en train se trouvent principalement à l’étranger. Par exemple, le trajet Vilnius – Varsovie est 13 fois moins cher en train qu’en avion, et plusieurs liaisons entre des capitales comme Prague et Vilnius sont particulièrement avantageuses. Cependant, pour les Suisses, ces avantages sont souvent hors de portée, car ces lignes ne concernent pas les trajets locaux.

Il existe quelques exceptions, comme la ligne Zurich – Bruxelles, où le train devient effectivement plus intéressant qu’un vol. En revanche, pour d’autres trajets, comme Genève – Paris, l’avion reste moins cher. Sur les huit trajets analysés au départ de la Suisse, la moitié d’entre eux sont plus économiques en train, tandis que l’autre moitié privilégie encore l’avion. En somme, la Suisse se situe dans une sorte de ventre mou du classement, où les avantages du rail sont encore limités et ne couvrent pas une grande partie du réseau ferroviaire européen.

De plus, le coût des trajets en train reste élevé, en particulier sur les lignes internationales. Ce phénomène est exacerbé par la forte différence de prix entre les transports ferroviaires et aériens dans certaines régions de l’Europe. Par exemple, un trajet de Londres à Barcelone en train peut coûter jusqu’à 389 euros, alors qu’un vol direct peut être trouvé pour seulement 15 euros. La situation est encore plus problématique dans le cas des trajets au départ de Londres, où le système ferroviaire est fragmenté et nécessite souvent plusieurs réservations pour effectuer un simple trajet, ce qui complique la tâche pour les voyageurs et fait gonfler les coûts.

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