Abolition de la valeur locative : une suppression coûterait en moyenne 500 francs par ménage et par an

L’abolition de la valeur locative en Suisse soulève des questions sur l’équité fiscale, les pertes fiscales et les effets économiques pour les ménages.

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Valeur locative
Abolition de la valeur locative : une suppression coûterait en moyenne 500 francs par ménage et par an : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

Le débat sur l’abolition de la valeur locative en Suisse est désormais au centre des discussions politiques et économiques. Ce système fiscal, qui impose aux propriétaires un revenu locatif fictif, fait l’objet de vives controverses. Le Parti socialiste suisse (PS) et les Verts s’opposent fermement à cette réforme, arguant que son coût serait trop élevé pour les ménages suisses. 

Selon eux, l’abolition de cette taxe entraînerait une augmentation significative des impôts, notamment pour la classe moyenne. En réponse, les partisans de la réforme, principalement du camp bourgeois, estiment que les craintes exprimées sont exagérées et que les bénéfices économiques du changement seraient considérables. Ce débat, où s’affrontent des visions très différentes de la fiscalité et de l’économie, divise profondément le pays.

Les pertes fiscales et leur compensation : un point de friction

L’abolition de la valeur locative entraînerait, selon les estimations des opposants, des pertes fiscales de l’ordre de 2 milliards de francs par an, impactant aussi bien la Confédération que les cantons et les communes. Ce manque à gagner pourrait, selon l’Alliance « Non à l’arrêt des rénovations », qui regroupe des parlementaires du PLR et du Centre, être compensé par des hausses d’impôts. Ces derniers avertissent que les cantons comme le Tessin et le Valais pourraient être contraints d’augmenter l’impôt sur le revenu de 4,5%, tandis que Zurich pourrait en imposer 3%. Dans certains cantons, l’impôt pourrait même atteindre 7,5%, affectant ainsi directement le portefeuille des citoyens, selon Blick.

Les partisans de la réforme, en revanche, contestent ces prévisions alarmistes. Ils affirment que le calcul des pertes fiscales avancé par le PS est exagéré, et qu’en réalité, la situation ne serait pas aussi catastrophique. Pour eux, la suppression de la valeur locative favoriserait une dynamique économique positive. En libérant des ressources fiscales, les ménages disposeraient de plus de pouvoir d’achat, ce qui stimulerait la consommation et, à terme, pourrait générer des recettes fiscales supplémentaires grâce à l’augmentation de l’activité économique.

Cependant, l’argument principal des opposants demeure la redistribution inéquitable des coûts. Selon le PS, ce sont les classes moyennes et les locataires qui seraient les premières victimes de cette réforme. En effet, si les propriétaires bénéficient d’une réduction d’impôt, ces gains seraient en grande partie concentrés sur les plus riches, ceux qui ont déjà remboursé leurs hypothèques et qui n’ont pas besoin d’investir dans des rénovations coûteuses. Ainsi, les propriétaires modestes, souvent moins nombreux dans la population suisse, et les locataires devraient supporter le fardeau de la compensation fiscale.

Les perspectives économiques : stimuler la consommation ou creuser les inégalités ?

Les défenseurs de la réforme, dont Gregor Rutz, conseiller national de l’Union Démocratique du Centre (UDC), estiment que l’abolition de la valeur locative aurait un effet globalement positif pour l’économie. Ils expliquent que la réduction des impôts pour les propriétaires stimulerait la consommation et l’investissement, ce qui aurait des répercussions favorables sur la croissance économique. D’après leur analyse, la suppression de la valeur locative encouragerait une logique de responsabilité individuelle, où ceux qui épargnent et remboursent leurs prêts hypothécaires ne seraient plus pénalisés. Ce modèle serait, selon eux, plus cohérent et juste dans un système fiscal moderne.

Par ailleurs, les défenseurs de la réforme soulignent que l’introduction d’autres taxes, comme un impôt sur les résidences secondaires, pourrait compenser une partie des pertes fiscales. Cependant, l’impact de ces solutions alternatives dépend largement des évolutions des taux d’intérêt, un facteur clé dans le calcul des effets de la réforme. Si les taux hypothécaires baissent, les pertes fiscales seront plus faibles, et la réforme pourrait même devenir neutre sur le plan des coûts. A contrario, si les taux augmentent, les conséquences financières de la réforme risquent d’être plus importantes.

Malgré ces arguments, une grande partie de la population reste sceptique quant à la capacité de cette réforme à réellement améliorer la situation économique des ménages. Le principal reproche des opposants est que la réforme profite davantage aux propriétaires riches, au détriment de la classe moyenne et des locataires. Ce déséquilibre pourrait mener à une aggravation des inégalités, en particulier dans les régions où le coût de la vie est déjà élevé.

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