Nvidia et Advanced Micro Devices (AMD) devront verser au gouvernement américain 15 % de leurs revenus issus de la vente de puces d’intelligence artificielle en Chine. Cet accord, révélé par plusieurs grands médias, a été conclu après une rencontre entre le PDG de Nvidia, Jensen Huang, et le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche.
La mesure, jugée inhabituelle dans le commerce international des technologies, reflète le climat tendu des relations sino-américaines dans le secteur stratégique des semi-conducteurs. Elle intervient alors que Washington cherche à renforcer son contrôle sur la circulation des composants les plus avancés.
Un arrangement inédit entre industrie et gouvernement
La décision concerne spécifiquement les ventes de deux modèles phares : les puces H20 de Nvidia et les MI308 d’AMD. Les deux entreprises avaient été soumises à des restrictions d’exportation vers la Chine, mais certaines de ces limitations ont récemment été assouplies. Début juillet, Nvidia a annoncé la reprise des livraisons de ses H20 au marché chinois après la levée partielle des interdictions. AMD bénéficie du même assouplissement pour ses MI308, qui étaient auparavant interdites à l’exportation vers la Chine, explique RTS.ch.
L’accord prévoit qu’une partie des revenus générés par ces ventes — estimée à plus de deux milliards de dollars selon le New York Times — soit reversée directement au Trésor américain. Ce mécanisme ne s’apparente pas à une taxe douanière classique mais à un prélèvement direct sur le chiffre d’affaires des transactions avec la Chine. Les entreprises concernées ont accepté cette disposition, signe de leur volonté de maintenir un accès, même restreint, au marché chinois.
Un nouvel épisode dans la rivalité technologique sino-américaine
Le secteur des semi-conducteurs est au centre des tensions économiques et stratégiques entre Pékin et Washington. Les puces avancées produites par Nvidia et AMD sont essentielles pour les applications d’intelligence artificielle, un domaine considéré comme stratégique par les deux pays. En imposant ce prélèvement, l’administration américaine cherche à limiter les gains financiers tirés des ventes de ces composants par les entreprises américaines tout en freinant l’essor technologique chinois.
L’annonce s’ajoute aux déclarations de Donald Trump évoquant la possibilité d’appliquer 100 % de droits de douane sur les puces et semi-conducteurs importés, bien qu’aucune date n’ait encore été fixée. Ce durcissement pourrait modifier la structure des échanges mondiaux dans le secteur, alors que Nvidia est devenue la première entreprise au monde à dépasser les 4 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Cette valorisation reflète la place centrale de l’intelligence artificielle dans l’économie mondiale et l’intérêt croissant des marchés pour ce secteur.
La Chine, de son côté, poursuit ses efforts pour développer une production domestique de semi-conducteurs afin de réduire sa dépendance aux technologies étrangères. Dans ce contexte, l’accord conclu avec Nvidia et AMD illustre la manière dont les relations commerciales peuvent être redéfinies sous l’effet des rivalités géopolitiques et des intérêts économiques.
