Une grande partie des logements en Suisse vont devenir inhabitables

La hausse des températures estivales en Suisse impose de repenser dès aujourd’hui la conception et l’équipement des logements, afin d’éviter qu’une partie importante du parc immobilier ne perde sa qualité d’usage dans les décennies à venir.

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Logements en Suisse
Une grande partie des logements en Suisse vont devenir inhabitables au cours des prochaines décennies : Crédit : Canva | Econostrum.info - Suisse

En Suisse, l’architecture résidentielle a été historiquement pensée pour que les logements résistent au froid hivernal. Les hivers rigoureux ont façonné un bâti orienté vers la captation maximale de lumière et de chaleur, avec des façades vitrées exposées au sud. Or, la hausse rapide des températures estivales bouleverse cet équilibre et met en danger le confort thermique des habitants. 

Les projections climatiques montrent une multiplication des épisodes de canicule, rendant certaines habitations difficilement vivables. Les autorités et les experts s’accordent à dire qu’une adaptation profonde de la conception et de l’équipement des logements devient urgente.

Des étés plus longs et plus chauds, un risque pour l’habitabilité

Selon la SonntagsZeitung, une part importante des logements suisses pourrait devenir inhabitable dans les décennies à venir à cause de la chaleur estivale. Les données sont préoccupantes : en vingt ans, le nombre de jours où la température dépasse 30 °C a été multiplié par cinq. Les projections annoncent qu’à Zurich, d’ici à la fin du siècle, on pourrait connaître jusqu’à 50 jours de canicule et 45 nuits tropicales par an, ces dernières se caractérisant par une température nocturne qui ne descend pas sous les 20 °C.

Gianrico Settembrini, architecte et chercheur à la Haute École de Lucerne (HSLU), souligne que les bâtiments récents restent conçus avec une logique hivernale, favorisant l’ensoleillement maximal. Il appelle à repenser la construction pour intégrer le confort d’été, sans sacrifier l’apport de lumière naturelle. Ce défi est d’autant plus complexe que le parc immobilier a une longue durée de vie, ce qui rend difficile une adaptation rapide à de nouvelles conditions climatiques.

Des solutions pragmatiques pour maintenir le confort thermique

L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) considère que, dans le futur, la location d’un logement pourrait être conditionnée à sa capacité à rester confortable en été. Une étude publiée par l’OFEN met en avant plusieurs mesures concrètes, privilégiant des approches simples et directement perceptibles par les occupants.

Certaines solutions agissent directement sur le corps : systèmes de refroidissement pour les lits faisant circuler de l’eau fraîche dans des housses de matelas, ventilateurs ciblés ou textiles rafraîchissants. Ces dispositifs, relativement faciles à mettre en place, peuvent améliorer le confort sans lourds travaux.

D’autres options, plus structurelles, s’appuient sur des technologies centralisées comme le « geocooling ». Ce procédé utilise des réseaux thermiques ou des pompes à chaleur géothermiques pour transférer la chaleur vers le sol en été, puis restituer cette énergie en hiver pour chauffer l’habitation. L’OFEN qualifie ces systèmes d’écologiques et d’économiques, car ils exploitent les ressources naturelles de manière réversible.

Ces pistes témoignent d’une volonté de concilier adaptation au réchauffement et durabilité énergétique. Elles s’inscrivent dans une logique de gestion intégrée du confort thermique, où les solutions individuelles et collectives doivent coexister pour répondre à la diversité des situations, des budgets et des typologies de logements.

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