Alors que la Suisse s’apprête à reprendre son activité politique après la trêve estivale, les mois à venir s’annoncent décisifs. Le pays devra se prononcer sur des objets complexes, alors que des choix internes stratégiques viennent bouleverser l’équilibre de plusieurs partis.
Au cœur de cette rentrée politique, plusieurs sujets clivants vont structurer le débat public. Des décisions attendues sur le plan fiscal, numérique ou militaire traduisent les lignes de fracture qui traversent le pays.
Deux votations fédérales aux enjeux structurants
Le 28 septembre, les électeurs suisses voteront sur la nouvelle proposition d’introduction d’une identité électronique. Le projet, soutenu par la majorité des partis politiques, revient après un rejet net en 2021.
Cette fois-ci, ses chances d’acceptation apparaissent plus solides. Ses opposants, une coalition informelle mêlant activistes numériques, critiques de l’État, Jeunes UDC et UDF, ont tout de même réussi à déclencher un référendum.
La deuxième votation, également prévue le 28 septembre, porte sur la création d’un impôt sur les résidences secondaires. Cette taxe est conçue pour compenser les pertes fiscales liées à la suppression de la valeur locative.
Si elle échoue, c’est toute la réforme qui pourrait être abandonnée. Les cantons de montagne, particulièrement concernés, mettent en doute l’efficacité de la mesure, ce qui complique l’obtention de la double majorité peuple-cantons.
Le 30 novembre, les citoyens se prononceront sur deux autres objets. L’initiative des Jeunes socialistes propose un impôt de 50 % sur les successions dépassant 50 millions de francs. Elle suscite de vives réactions, notamment chez les grandes fortunes.
Selon Watson, elle n’a que peu de chances d’aboutir, mais promet une campagne très disputée. L’autre initiative, portée par le mouvement Service Citoyen, vise à instaurer un service obligatoire pour la collectivité. Elle n’a été soutenue au Parlement que par les Vert’libéraux.
Une succession délicate au PLR
Le départ de Thierry Burkart de la présidence du Parti libéral-radical, annoncé en juin, a ouvert une phase d’incertitude interne. La désignation de son successeur aura lieu le 18 octobre. À ce jour, seul Benjamin Mühlemann, conseiller aux États pour le canton de Glaris, a exprimé son intérêt publiquement.
Parallèlement à cette élection, les délégués du PLR devront également définir leur position sur le nouvel accord-cadre avec l’Union européenne. Le départ de Thierry Burkart, qui s’opposait à cette orientation, pourrait faciliter un virage pro-européen du parti. Ce changement stratégique pourrait modifier profondément les équilibres internes du PLR.
Des dossiers sensibles devant le Parlement
Plusieurs chantiers majeurs attendent les parlementaires. Les procédures accélérées pour les projets énergétiques doivent être finalisées lors de la session d’automne. Le Conseil national examinera aussi le financement de la 13e rente AVS, en lien avec la suppression de la pénalisation du mariage adoptée par le Conseil des États en juin.
Le budget fédéral, examiné en session d’hiver, constituera un autre point de tension. Le frein à l’endettement, que la ministre des Finances Karin Keller-Sutter continue de défendre avec fermeté, a été mis à rude épreuve ces deux dernières années.
Dans le domaine de la défense, la question du surcoût des avions F-35 domine. Les États-Unis exigent un montant supérieur à celui initialement convenu, ce qui place la Suisse dans une position délicate. Selon le média helvétique, le Département de la défense, dirigé par Martin Pfister, doit réévaluer 17 projets prioritaires, tandis que le débat sur un possible rapprochement avec l’UE et l’Otan s’intensifie.








