La conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider présente les grandes lignes de la réforme AVS 2030. Elle veut encourager les seniors à prolonger leur activité professionnelle en rendant le travail au-delà de l’âge légal plus attractif, notamment par des incitations financières.
Le vieillissement de la population suisse pose un défi majeur pour la stabilité du système de retraite. La génération du baby-boom approche de l’âge légal de la retraite, ce qui engendre une augmentation des départs et une pression accrue sur l’AVS.
Face à cette situation, le Département fédéral des affaires sociales souhaite ajuster le cadre afin de maintenir plus longtemps les seniors sur le marché du travail, tout en évitant de relever l’âge légal de la retraite. Le projet, qui doit être finalisé d’ici fin 2026, vise à garantir la viabilité financière de l’AVS pour la décennie suivante.
Suppression de l’âge maximal pour reporter la retraite
Une mesure centrale du projet de réforme consiste à abolir la limite d’âge maximale de 70 ans, actuellement en vigueur pour le report de la rente AVS. Jusqu’à présent, il est possible de différer le début de la retraite jusqu’à 70 ans au maximum, avec une majoration de la rente qui peut atteindre 31,5 % en cas de report de cinq ans.
Selon Markus Binder de l’Office fédéral des assurances sociales, cette suppression permettrait non seulement d’encourager les seniors à travailler plus longtemps mais aurait aussi un effet psychologique important en supprimant une barrière symbolique.
Bien que de nombreux seniors continuent déjà de travailler après 65 ans, seuls environ 2,5 % des assurés choisissent effectivement de différer la perception de leur rente. La réforme vise donc à élargir cette possibilité, en rendant le report plus souple et en valorisant les années de cotisation supplémentaires, ce qui devrait rendre le travail au-delà de l’âge légal plus attractif, comme l’a expliqué Elisabeth Baume-Schneider, rapporte Blick.
Relever la franchise des cotisations pour les seniors actifs
Le projet prévoit également de modifier la franchise applicable aux cotisations sociales pour les seniors qui poursuivent une activité professionnelle. Actuellement fixée à 16 800 francs par an, cette limite exonère du paiement des cotisations les revenus jusqu’à ce seuil.
Markus Binder souligne que ce montant n’a pas été révisé depuis 1996 et qu’un relèvement de cette franchise pourrait constituer une incitation supplémentaire pour les seniors à continuer de travailler.
Cette mesure vise à alléger la charge financière des seniors actifs, notamment ceux qui exercent plusieurs emplois ou activités rémunérées. En augmentant ce seuil, la réforme entend favoriser le maintien dans l’emploi sans que les revenus modestes des seniors soient pénalisés par des cotisations élevées.
Freiner les retraites anticipées pour stabiliser l’AVS
L’un des aspects les plus sensibles de la réforme concerne la volonté de rendre les retraites anticipées moins attractives. Les données récentes montrent que 39 % des hommes de 64 ans et 34 % des femmes de 63 ans ont opté pour un départ anticipé entre 2021 et 2023, même si ce taux a baissé par rapport à il y a quinze ans.
Actuellement, chaque année de retraite anticipée réduit la rente AVS de 6,8 %, mais pour beaucoup, le revenu complémentaire provenant du deuxième pilier est un facteur décisif dans cette décision.
Le département d’Elisabeth Baume-Schneider envisage donc d’ajuster les taux de réduction ou d’introduire des mesures complémentaires dans la prévoyance professionnelle afin de ralentir ces départs précoces. Markus Binder indique que cette démarche vise à répondre aux besoins de main-d’œuvre de l’économie suisse, en créant des incitations financières à rester actif plus longtemps.








