Face à une inflation atone, la BNS prépare un taux directeur négatif à -0,25 %

Face à une inflation trop faible, la Suisse se dirige vers un retour aux taux d’intérêt négatifs, une perspective soutenue par les marchés et la BNS.

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Face à une inflation atone, la BNS prépare un taux directeur négatif à -0,25 % - © Shutterstock

L’hypothèse d’un retour à des taux négatifs n’est plus marginale. Les signaux envoyés par les marchés et les déclarations de la Banque nationale suisse (BNS) laissent entrevoir un renversement de tendance inédit, dans un contexte où la faiblesse persistante de l’inflation devient problématique. Ce scénario serait une réminiscence de la politique monétaire menée entre 2014 et 2022.

Dans cette perspective, les instruments du marché, les déclarations officielles et les dynamiques du travail offrent des indications précises sur la direction que pourrait prendre la politique monétaire helvétique dans les mois à venir.

Des taux directeurs en baisse et une épargne moins attractive

Les taux d’intérêt sur les emprunts d’État suisses à dix ans sont descendus à 0,2 %, ce qui reflète une tendance généralisée à la baisse des taux. Cette évolution s’étend également aux prêts hypothécaires, entraînant un certain allègement pour les propriétaires et les locataires, mais affaiblissant l’intérêt de l’épargne.

Dans ce contexte, les investisseurs tablent sur une nouvelle baisse du taux directeur de la BNS. Selon les prévisions relayées par Watson, le taux pourrait passer à 0 % dès juin, puis descendre à -0,25 % en septembre.

Le président de la BNS, Martin Schlegel, a déclaré que la banque centrale était disposée à envisager la réintroduction d’un taux zéro, voire d’une politique de taux négatifs si la situation l’exigeait.

Cette anticipation s’appuie notamment sur le rendement négatif des obligations d’État à deux ans, qui sont tombées à -0,16 % à la mi-avril. Ces titres, sensibles aux attentes en matière de taux directeurs, indiquent clairement la perception du marché pour les deux prochaines années.

Une inflation atone et une consommation sous pression

L’inflation nulle enregistrée en avril en Suisse est au cœur de cette dynamique. Le niveau général des prix est resté stable par rapport à l’année précédente. Sans la forte hausse des loyers, qui découle d’une crise de la construction persistante, l’indice des prix aurait affiché une baisse moyenne de 0,7 % pour l’ensemble des autres produits.

Ainsi, contrairement à d’autres pays, la Suisse ne lutte pas contre une inflation galopante mais contre une inflation trop faible. Le média helvétique précise que cette situation affaiblit encore les perspectives d’une reprise économique dynamique.

Ce phénomène, s’il persiste, pourrait contraindre la BNS à maintenir des taux bas pour stimuler l’économie et empêcher un enfoncement dans une spirale déflationniste. Les décisions à venir seraient alors une réponse directe à cette tendance, plus qu’à une stratégie proactive de soutien à l’économie.

Le ralentissement du marché du travail comme signal d’alerte

Les données récentes sur le marché du travail, analysées par le Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPFZ, montrent un ralentissement préoccupant. L’euphorie économique post-Covid semble s’estomper, et la part des entreprises envisageant des suppressions de postes est en nette augmentation.

Bien que la situation ne soit pas comparable à celle de la crise de 2008 ou de la pandémie, elle reflète un affaiblissement du tissu productif national. Ces tendances ne se sont pas encore traduites pleinement dans l’économie réelle, mais elles renforcent le scénario d’une politique monétaire plus accommodante.

La BNS suit également avec attention l’évolution du commerce international, notamment la politique douanière des États-Unis. Selon le président Schlegel, les perspectives de croissance pour la Suisse ont été revues à la baisse, notamment en raison de l’incertitude engendrée par la stratégie commerciale de Donald Trump, jugée « stupide » par l’économiste Kenneth Rogoff, comme le rapporte Watson.

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