Les black-out à grande échelle sont des événements rares mais dont les effets peuvent être dévastateurs. Leonard Schliesser, chercheur principal au Center for Security Studies de l’EPFZ, a publié une analyse soulignant les risques croissants pour l’approvisionnement en électricité en Europe, y compris en Suisse, rapporte Watson.
Pour Schliesser, il ne s’agit plus de savoir si un black-out se produira, mais quand. En décembre dernier, il alertait déjà sur le fait que des pannes d’électricité à grande échelle pouvaient entraîner des effets domino rapides dans les réseaux électriques, comme cela a été le cas en Espagne et au Portugal.
En ces régions, des coupures massives de courant ont failli paralyser le pays, avant d’être contenues grâce à des mécanismes de défense fonctionnant en temps réel, notamment en France.
La transition énergétique met-elle la Suisse en danger ?
La question du black-out en Suisse ne peut être dissociée de l’évolution du mix énergétique. En Europe, de nombreux pays, dont la Suisse, ferment progressivement leurs centrales conventionnelles, responsables de la production d’électricité à partir de sources fossiles.
Ces centrales jouaient un rôle d’amortisseur en cas de fluctuations imprévues dans la demande ou l’offre d’électricité. Leur fermeture a eu pour effet d’accentuer la vulnérabilité des réseaux, ce qui fait que le risque de black-out est aujourd’hui latent et légèrement accru.
Selon Schliesser, la transition vers les énergies renouvelables complique encore la gestion des réseaux, car ces sources d’énergie sont par nature plus instables. L’éolien et le solaire, bien que cruciaux dans le cadre de la transition énergétique, ne sont pas encore capables de garantir la stabilité des réseaux face à des pics de consommation ou à des défaillances majeures.
Le chercheur souligne donc que, malgré les efforts pour intégrer des sources plus durables, la probabilité d’un black-out pourrait augmenter tant que les nouvelles infrastructures ne combleront pas totalement les lacunes laissées par les anciennes centrales.
La Suisse et la résilience face à une panne de grande envergure
En Suisse, la question de la résilience face aux pannes massives a évolué au fil des années. Les infrastructures critiques, telles que les hôpitaux, les stations de traitement de l’eau et les sites industriels sensibles, ont déjà mis en place des plans de secours pour gérer ces situations de crise.
Par ailleurs, Swissgrid, le gestionnaire du réseau électrique suisse, figure parmi les meilleurs en Europe. Néanmoins, Schliesser met en garde : malgré les avancées, la Suisse reste vulnérable. Un black-out à grande échelle pourrait entraîner des perturbations graves, bien au-delà des sites sensibles.
Le chercheur rappelle que les pannes d’électricité de grande envergure peuvent affecter non seulement l’industrie mais aussi le quotidien des citoyens. Un black-out généralisé entraînerait une perte de communication, une rupture des chaînes d’approvisionnement et des services essentiels.
Le chercheur ajoute qu’une société pourrait rapidement basculer dans un état de confusion après seulement 72 heures sans électricité. En Espagne, cela a été observé : la perte de télécommunications et d’informations a provoqué une grande angoisse parmi la population. L’absence d’électricité pourrait mener à une désorganisation généralisée, et en l’absence de préparation adéquate, la situation pourrait devenir incontrôlable.








