L’Union syndicale suisse (USS) a récemment mis en ligne un calculateur de salaires destiné à toute la population pour mieux estimer sa valeur sur le marché du travail. Ce nouvel outil, gratuit et accessible, permet aux travailleurs de connaître les fourchettes salariales correspondant à leur métier, à leur expérience, à leur région et à leurs qualifications.
À une époque où les informations salariales sont souvent floues, cet outil a pour objectif de permettre aux salariés de négocier de manière plus éclairée leur rémunération. Si plusieurs plateformes privées existent déjà, le calculateur de l’USS se distingue par sa précision et l’intégration des conventions collectives de travail (CCT), qui couvrent environ 2 millions de travailleurs en Suisse.
Un outil détaillé pour une meilleure estimation salariale
Le calculateur mis en ligne par l’USS offre un aperçu des salaires dans divers secteurs d’activité, en prenant en compte des critères tels que l’âge, la formation, l’expérience et la région de travail. Par exemple, un électricien de 30 ans, titulaire d’un CFC et basé à Neuchâtel, devrait s’attendre à un salaire mensuel compris entre 5 300 et 6170 francs, avec un 13ᵉ salaire, selon le calculateur. Ces fourchettes sont basées sur des données provenant des statistiques fédérales et des CCT en vigueur, garantissant une estimation plus précise, a rapporté 20minutes.ch. Le calculateur propose également une fonction de comparaison des salaires, permettant aux travailleurs de se situer par rapport à la moyenne de leur secteur.
L’objectif de cet outil est de donner aux salariés les moyens de négocier plus efficacement leur rémunération, que ce soit lors d’un entretien d’embauche ou d’une demande d’augmentation. Benoît Gaillard, porte-parole de l’USS, précise que la transparence profite aux salariés, en particulier aux salariées, souvent sous-payées par rapport à leurs homologues masculins. Le calculateur vise à offrir aux travailleurs une meilleure visibilité sur les pratiques salariales et à leur permettre de discuter de manière plus objective de leur rémunération avec leurs employeurs. Gaillard ajoute que l’outil peut aider à amorcer une conversation difficile entre collègues ou avec les responsables RH, notamment en présentant des données claires lors des négociations salariales.
Les inégalités salariales persistantes dans certains secteurs
Si le calculateur de l’USS permet de mieux comprendre les fourchettes salariales, il met également en lumière les inégalités importantes qui persistent dans certains secteurs. Parmi les domaines les plus touchés par ces disparités, on trouve les secteurs bancaires, pharmaceutiques, assurantiels, ainsi que l’audiovisuel et les services informatiques. Ces industries, en raison de la présence d’importants écarts entre les salaires des hommes et des femmes, sont souvent citées comme des exemples où l’égalité salariale reste à conquérir. Le secrétaire central de l’USS, David Gallusser, explique que ces secteurs sont non seulement caractérisés par des inégalités entre sexes, mais aussi par de fortes disparités salariales entre employés occupant des postes similaires.
L’outil de l’USS souligne également des situations d’illégalité, notamment dans le travail temporaire, où la CCT n’est pas toujours respectée. Benoît Gaillard évoque des cas où les travailleurs temporaires ne sont pas informés des salaires minimaux ou des conditions prévues par les conventions collectives. Pour ces employés, il est souvent nécessaire de se tourner vers un syndicat afin d’obtenir des conseils et un soutien dans leurs démarches pour faire valoir leurs droits.
D’autres secteurs, comme la construction, les transports ferroviaires ou la restauration, affichent des écarts salariaux plus faibles, ce qui indique une plus grande uniformité des rémunérations dans ces industries. Ce phénomène s’explique par des conventions collectives plus strictement appliquées et un système de rémunération plus transparent. Ces différences entre les secteurs montrent bien que les inégalités salariales sont parfois liées à des pratiques internes spécifiques à chaque branche, et que des efforts sont nécessaires pour réduire ces écarts au sein de certaines industries.
