La crise du logement s’intensifie en Suisse, classée parmi les pires pays européens en matière de disponibilité de logements. Une étude récente du cabinet Wüest Partner dresse un constat préoccupant à partir de 14 indicateurs clés.
Le marché locatif et l’accès à la propriété sont tous deux sous pression, aggravant les inégalités. Les perspectives d’amélioration à court terme restent limitées, selon les experts du secteur.
Une situation alarmante révélée par une étude européenne
La Suisse figure désormais au quatrième rang des pays européens les plus affectés par la pénurie de logements, juste derrière le Luxembourg, l’Irlande et la Norvège. Ce classement provient d’une étude comparative menée par Wüest Partner, couvrant 27 pays et fondée sur des critères comme la croissance démographique, l’évolution des permis de construire ou encore la capacité d’achat des ménages.
Parmi les constats les plus frappants, la demande de permis de construire a chuté de 27 % au cours des cinq dernières années, rendant la création de nouveaux logements plus difficile. Dans le même temps, la croissance démographique, en hausse constante, accentue la pression sur un marché déjà saturé. En parallèle, l’écart entre les prix des logements et les revenus médians n’a cessé de se creuser depuis 2015, plaçant la Suisse parmi les pays les moins favorables d’Europe en termes d’accessibilité à la propriété.
Ce déséquilibre se traduit par une forte dépendance au marché locatif : 58 % des habitants vivent en location, un taux particulièrement élevé à l’échelle européenne. Et ce marché locatif subit lui aussi des tensions. Entre 2022 et 2024, les loyers ont augmenté en moyenne de 5,6 %, un chiffre modéré au regard d’autres pays européens, mais significatif dans un contexte de stagnation du pouvoir d’achat.
Un accès au logement de plus en plus restreint
Les conditions d’accès au logement se durcissent, tant pour l’achat que pour la location. Le ratio entre les prix immobiliers et les revenus médians s’est dégradé, rendant la propriété inaccessible pour une large partie de la population. Cela oblige de nombreux ménages à rester locataires, accentuant la pression sur un parc immobilier insuffisant et vieillissant.
Le cabinet Wüest Partner ne prévoit pas d’amélioration rapide. L’offre reste limitée, et les ajustements attendus ne devraient être que marginaux. Certains experts évoquent une possible baisse des loyers dans des cas spécifiques, liée à une diminution du taux hypothécaire de référence, ce qui pourrait réduire légèrement la charge des locataires. Du côté des propriétaires, cette baisse offre un accès à des financements à un coût plus faible, mais ne suffira pas à relancer massivement les projets de construction.
Cette tension immobilière pèse également sur les dynamiques sociales : jeunes actifs, familles monoparentales ou personnes aux revenus modestes se retrouvent en marge du marché. Les politiques publiques peinent à suivre le rythme, faute d’une stratégie coordonnée à l’échelle nationale. Les quelques initiatives locales, comme les quotas de logements abordables, restent isolées et peu suffisantes face à l’ampleur du déséquilibre.