Les autorités de Zurich ont proposé une réforme qui pourrait bouleverser les règles d’attribution du logement dans la ville. Ce projet vise à accorder une priorité aux habitants d’origine locale dans l’attribution des logements publics.
L’idée derrière cette initiative est de favoriser les Zurichois face à l’afflux de personnes en provenance d’autres régions ou pays, une situation qui crée une pression supplémentaire sur le marché du logement. Ce débat soulève des questions sur la justice sociale, l’intégration des migrants et la manière dont une ville cosmopolite doit répondre à ses défis en matière de logement.
Une crise du logement exacerbée
Zurich est l’une des villes les plus dynamiques et les plus chères de Suisse. Le prix moyen des loyers dans la ville a considérablement augmenté ces dernières années. En 2023, un appartement de 4 pièces à Zurich coûtait en moyenne 2 600 CHF par mois, soit bien plus que dans d’autres villes suisses. Selon 20Minutes, la population de Zurich a dépassé les 440 000 habitants en 2022, en grande partie à cause de l’immigration. Environ 37 % de la population zurichoise est d’origine étrangère, et l’afflux continu de nouveaux arrivants renforce la pression sur un marché déjà tendu.
Ce phénomène a des conséquences directes pour les habitants locaux, particulièrement les jeunes et les familles à revenus modestes. Le nombre de personnes en attente d’un logement public dépasse les 7 000. Cette situation a conduit les élus locaux à envisager une réforme pour réserver davantage de logements aux Zurichois de longue date, définis comme étant ceux ayant résidé dans la ville pendant au moins cinq ans. Cette proposition vise à garantir que les habitants historiques de Zurich, souvent des familles de travailleurs, puissent accéder à un logement abordable sans être contraints de quitter leur quartier à cause de la hausse des loyers.
Une réforme entre tensions sociales et protection locale
La proposition de donner la priorité aux Zurichois pour les logements sociaux divise la population. Les partisans de cette réforme estiment qu’elle est nécessaire pour protéger les citoyens locaux face à l’afflux d’immigrés. Ils considèrent que les Zurichois, en tant que résidents permanents, devraient avoir priorité sur le marché du logement public, qui est actuellement dominé par des investisseurs privés et étrangers. Cette mesure pourrait également réduire les inégalités sociales en offrant aux familles locales la possibilité de rester dans la ville sans être poussées en périphérie.
Cependant, cette réforme suscite de vives inquiétudes parmi les défenseurs des droits des migrants. Ils soulignent que Zurich, une ville réputée pour sa diversité, risquerait de se renfermer sur elle-même. L’attribution prioritaire des logements pourrait stigmatiser les migrants et créer des tensions entre les communautés locales et étrangères. De plus, certains estiment qu’une telle mesure pourrait nuire à l’attractivité de Zurich en tant que pôle économique international, notamment dans des secteurs comme la finance et la technologie, qui dépendent largement de la diversité des talents.