L’introduction de la 13e rente AVS en Suisse, approuvée par la population le 5 mars 2024, promet un soutien financier annuel supplémentaire de 5 milliards de francs pour les retraités. Cette mesure suscite des débats sur son financement et ses répercussions économiques, notamment en raison des augmentations des cotisations salariales et de la TVA.
Le financement de cette nouvelle rente repose principalement sur des prélèvements plus élevés sur les salaires, avec une hausse des cotisations salariales de 0,4% et une augmentation de la TVA de 0,3 point.
Ce changement a pour objectif de redistribuer les ressources, en transférant de l’argent des travailleurs vers les retraités. Cependant, cette mesure a des conséquences considérables pour les actifs et les entreprises, et soulève des critiques sur la compétitivité de la Suisse, rapporte Blick.
Une augmentation des cotisations salariales sans précédent
Le financement de la 13e rente AVS repose sur une augmentation des cotisations salariales, qui a été décidée par le Conseil des États. En juin, une hausse de 0,4% des déductions salariales a été adoptée, un changement significatif pour les travailleurs.
Parallèlement, une augmentation modeste de la TVA de 0,3% a été prévue. Bien que cette augmentation soit jugée politiquement moins risquée que celle des cotisations salariales, elle reste un sujet de débat.
Les critiques s’élèvent contre cette redistribution via les cotisations salariales. Hannes Germann, conseiller aux États UDC, a dénoncé le caractère déséquilibré de cette mesure, soulignant que les retraités paieront beaucoup moins que les actifs, qui devront contribuer de manière significative sans en bénéficier directement.
Selon lui, cette répartition crée une injustice sociale entre les générations, avec une pression accrue sur les jeunes actifs pour soutenir les rentes des retraités.
Une pression croissante sur les entreprises
L’impact de l’augmentation des cotisations salariales ne se limite pas à la 13e rente AVS. Elle s’inscrit dans un contexte plus large où d’autres augmentations sont prévues.
D’abord, l’assainissement de l’AVS à partir de 2030 entraînera des prélèvements supplémentaires, avec une nouvelle augmentation des cotisations salariales de 0,4%. Ensuite, l’introduction d’une allocation de garde d’enfants financée par les employeurs implique une nouvelle hausse, à hauteur de 0,17% des cotisations salariales.
En tout, ces changements pourraient mener à une augmentation cumulée des cotisations salariales d’environ 0,97%, soit près de 5 milliards de francs supplémentaires par an. Ce montant équivaut à environ un tiers de l’impôt fédéral direct payé par les particuliers. Une telle hausse des charges salariales inquiète les associations économiques, qui avertissent des répercussions négatives sur la compétitivité des entreprises.
Selon des experts d’Economiesuisse, cette charge supplémentaire pourrait entraîner une hausse des coûts salariaux, réduire les investissements et freiner la création d’emplois, mettant ainsi en danger la stabilité économique de la Suisse à long terme.
Le dilemme fiscal : TVA ou cotisations salariales ?
Le choix entre financer la 13e rente AVS par augmentation des cotisations salariales ou par hausse de la TVA soulève une véritable question politique et économique. Traditionnellement, l’augmentation de la TVA a été considérée comme une option plus équitable et moins pénalisante pour l’économie, car elle touche les consommateurs et non directement les salaires et les investissements.
Cependant, l’option des cotisations salariales est perçue par certains comme plus juste en matière de redistribution, car elle permet aux travailleurs de contribuer davantage au financement des retraites des seniors. D’autre part, l’augmentation de la TVA est parfois jugée régressive, car elle pèse proportionnellement plus sur les bas revenus que sur les hauts revenus.
Selon Marius Brülhart, économiste à l’Université de Lausanne, les effets de la TVA sur la redistribution sont relativement équilibrés, avec une répartition équitable entre les différentes tranches de revenu sur le long terme. Il argue que la TVA pourrait permettre de financer les réformes sans freiner l’emploi ou la croissance économique.








