Les sites de vente en ligne multiplient les ingéniosités à faire craquer les acheteurs. Les soldes, notamment d'hiver, en cours jusqu’au 6 février, constituent des opportunités particulières pour les plateformes afin d'exposer des appâts en cascade et faire grandir la tentation qui peut s’avérer un véritable leurre.
Les soldes, c'est connu, ce sont les périodes durant lesquelles les consommateurs profitent des rabais sur les prix pour se faire plaisir et peut-être s’offrir certains produits qui, généralement, sont hors de portée de leurs portemonnaies. De leurs côtés, les commerçants ne ratent pas de pareilles occasions non plus pour maximiser au mieux leurs chiffres d’affaires et liquider des stocks susceptibles d’encombrer les étals, ou carrément de se détériorer dans les hangars. Les vendeurs multiplient alors les réclames pour parvenir à leurs objectifs, et parfois de manières peu correctes.
Si certaines pratiques insidieuses peuvent être facilement détectées, ce n’est souvent pas le cas pour les transactions proposées sur le net, notamment à travers les sites de ventes en ligne. France info, qui s’est penché sur le sujet, met l’accent sur des techniques de marketing utilisées très peu honnêtes qui poussent le consommateur à valider des achats sans pour autant le vouloir vraiment.
Quand une fausse réclame crée en vous une vraie urgence...
Ça s’appelle les « dark patterns », traduit en « designs trompeurs ». Il s’agit « d’interfaces internet truquées ou trompeuses, des messages textuels, des présentations ou des fonctionnalités particulières, volontairement conçus pour vous pousser à faire des choix que vous n'auriez pas faits en leur absence », explique la direction de Répression des fraudes (DGCCRF). En fait, c’est un matraquage sur écran qui parfois consiste en des comptes à rebours indiquant une fin imminente de la promotion, tel que « plus que 2h30 pour profiter des soldes jusqu’à -75% ». Cela peut également être des alertes sur des stocks sur le point de la rupture, comme « plus que deux articles disponibles », ou encore carrément des ajouts par défaut de produits dans le panier des achats. Le consommateur est alors pris dans une spirale d’urgence à acheter au risque de rater l’affaire et se retrouve au bout avec un panier bien plein sans pour autant l’avoir vraiment voulu.
« Une partie de ces stratégies commerciales a pour but de créer un état d'urgence dans l'esprit de l'internaute », décrypte l’économiste Marianne Lumeau. Alors, à ce moment-là, on « ne prend pas toujours les décisions les plus rationnelles », poursuit-elle. Mais comment faire face à ces pratiques ? À défaut de s’en remettre à une législation qui, de plus, ne sanctionne que les dark patterns pouvant être qualifiés de pratiques commerciales trompeuses ou agressives, sachant que « la frontière entre une technique légale et illégale est assez fine », reconnaît Marianne Lumeau, il est de loin mieux conseillé de tout simplement éviter de tomber dans le piège.
Comment éviter les traquenards lors des soldes ?
Il faut éviter, à la base, de céder à l’urgence. « Même si on voit passer une bonne affaire, il faut toujours prendre son temps pour comparer sur les autres sites et bien lire les conditions de vente », conseille Cyril Brosset, spécialiste des nouvelles technologies. « Si vous avez l'impression que vous pouvez acheter un produit ou un service en un clic, c'est qu'il y a probablement un loup quelque part », avertit de son côté Marianne Lumeau. Il est bon, cela dit, de savoir que pour des achats en ligne regrettés, la réglementation prévoit généralement un « droit de rétractation d'au minimum 14 jours après la date de livraison ». En cas de litige persistant avec un commerçant, le consommateur a toujours l’opportunité de le déclarer à la case dédiée à cet effet sur le site gouvernemental « signal conso ».