Cette semaine, le géant des pneumatiques Michelin a annoncé la mise en place d’un « salaire décent » pour l’ensemble de ses 132 000 salariés dispatchés partout dans le monde. Cependant, le montant de cette rémunération dite « décente » n’est pas la même pour tous.
Pour Florent Ménégaux, le président du groupe, une rémunération décente, c’est une rétribution à hauteur du « living wage », comme arrêté par le Pacte mondial des Nations unies. « Le salaire minimum en France n’est pas suffisant aux yeux de Michelin pour répondre à ce que nous estimons être un salaire décent », juge le patron du géant des pneumatiques.
Toujours selon Florent Ménégaux, « le salaire décent est de deux fois le Smic à Paris, et de +20% du Smic à Clermont-Ferrand ». En clair, cela représente donc un revenu avant impôts de 2 580 euros net par mois à Paris, et 1 648 euros net par mois à Clermont-Ferrand.
Interrogé par Le HuffPost, Michelin a indiqué que ce dispositif était déjà en place depuis 2021. Cependant, seulement 5% des salariés de l’entreprise ont été réellement augmentés, Car selon Florent Menegaux, 95% des travailleurs étaient déjà au niveau de ce « salaire décent ».
Un « salaire décent » qui ne fait pas l’unanimité chez les économistes
Si pour le patron de Michelin, le « salaire décent » est une rémunération qui doit permettre à un travailleur d’assurer la prise en charge de sa famille (alimentation, éducation, loisir…), Sandrine Dorbes, experte en rémunération et conférencière, estime, quant à elle, qu’il « il n’y a pas de définition universelle, je pense qu’il ne peut pas y avoir de définition nationale. C’est une vraie question personnelle, politique, qui dépend de son point de vue sur la question ».
Pour Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes, le « salaire décent » peut même montrer des désavantages si son montant est trop élevé comparé au salaire minimum. « On sait en économie que si on augmente trop le Smic ça détruit des emplois et ça se retourne contre les intéressés. Il doit y a voir une connexion entre les performances et le salaire à travers la notion de productivité », rapporte BFM.
Qu’en pensent les Français ?
Du côté des Français, si on se fie au dernier baromètre annuel de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), les personnes interrogées estiment que tout individu doit disposer d’un revenu minimum de 1 983 euros par mois pour vivre correctement.
Comparé au montant du Smic en France, ce salaire « pour vivre » est supérieur de près de 42%. Mais ce revenu minimum représente une moyenne nationale, car le baromètre révèle de fortes disparités. En clair, le montant de ce salaire « pour vivre » n’est pas le même dans toutes les villes françaises.
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