La « shrinkflation », ou réduflation fait l’objet, depuis ce lundi 1ᵉʳ juillet 2024, d’un arrêté ministériel obligeant les grandes surfaces à informer le consommateur de cette pratique via des affiches sur les produits concernés. Ce procédé, pourtant légal, aggrave les effets de l’inflation, qui pèse déjà beaucoup sur les ménages.
Au deuxième trimestre de 2023, l’inflation dans le secteur des produits alimentaires a atteint 16%, avant de passer à 5,7% sur un an en janvier 2024. La hausse de l’effet inflationniste sur les produits alimentaires se poursuit encore, mais avec moins d’intensité.
Parallèlement à l’augmentation des prix de tous les produits impactant le pouvoir d’achat des ménages se développe une pratique appelée la « shrinkflation », qui consiste à réduire la taille ou le poids d’un produit, tout en maintenant en principe son prix. Sauf que cette pratique dissimule bel et bien une augmentation de prix sur les produits concernés. C’est ce qu’affirme Quentin Demé, cofondateur du Congrès UPI, université de la pensée et de l’investissement, également professeur d’Économie et Finance, soulignant que le cumul inflation – shrinkflation est « une double perte de pouvoir d’achat pour le consommateur », rapporte Le Figaro.
Inflation et shrinkflation : double coup dur pour les consommateurs
« Un caddie qui vous coûtait 100 euros en 2004, vous coûte désormais près de 143 euros en juin 2024. Premier état de fait : vous remarquez une inflation très importante sur votre caddie en 20 ans. Néanmoins, cette somme reste biaisée puisqu’elle n’intègre pas la pratique de la réduflation. Vous avez certes le même nombre de produits, mais plus la même contenance. Ainsi, en intégrant cette pratique pour obtenir le même caddie qu’en 2004 (en supposant que tous les produits aient subi une perte de 14,3%), vous devriez non pas dépenser 143 euros, mais près de 167 euros ! » explique le spécialiste.
Pour démontrer le lien entre la shrinkflation et la dégringolade du pouvoir d’achat des consommateurs, le même spécialiste a observé une augmentation des prix de 43% sur vingt ans, soit environ 1,7% chaque année, rien qu’avec l’inflation. L’expert s’est également basé sur une étude canadienne menée au cours des 20 dernières années sur quelque 300 produits touchés par la shrinkflation. Cette enquête montre que la taille desdits produits s’est réduite de 14,30% en moyenne. Pour appuyer son étude, Quentin Demé cite l’exemple de sachets de croquettes pour chiens qui ont subi une baisse de poids de 10 kg à 7 kg en un an, alors que leur prix a augmenté de 49,7% en passant de 16,67 euros à 24,90 euros.
Pour les fournisseurs, cette pratique est due à la hausse des coûts de matières premières et aux changements de recettes, tandis que les distributeurs et les grandes surfaces minimisent l’intensité du phénomène, en pointant du doigt seulement une dizaine de produits concernés sur des milliers de produits vendus. Devant cette situation, les associations de protection des consommateurs, telles que l’UFC-Que choisir, recommandent de « toujours scruter le prix au kilo ou au litre, même lorsque les produits sont signalés en promotion ».
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