Atteindre le plein-emploi d'ici 2027, c'est l'objectif que s'est fixé le chef de l'État et son gouvernement. Et pour ramener le taux de chômage à 5 %, le ministère du Travail compte sur l'emploi des seniors. Un défi de taille pour le gouvernement qui souhaite doubler le taux d'emploi des plus des 60-64 ans.
Dans un entretien accordé dimanche au JDD, la ministre du Travail, Catherine Vautrin, a affiché la couleur : « Sur la question de l’emploi, j’ai vraiment deux priorités : les jeunes d’un côté, les seniors de l’autre. C’est vraiment sur ces deux sujets que l’on peut gagner la bataille du plein-emploi, car ce sont les deux catégories pour lesquelles nous sommes le plus en retard, avec les taux d’emploi les plus faibles », a-t-elle d'abord expliqué. Mais réintégrer les seniors de plus de 55 ans dans un marché de l'emploi déjà très tendu n'est pas une mince à faire.
La ministre est bien consciente de la mission qui l'attend : « Pour quelqu’un qui perd son job à 55 ans, si on n’a pas la capacité de le former et de l’accompagner tout de suite, malheureusement, chaque mois qui passe l’éloigne un peu plus du travail », a-t-elle souligné. La responsable en est convaincue : doubler le taux d'emploi des 60-64 ans (qui est actuellement de 33%) est primordial pour atteindre le plein-emploi avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron. L'enjeu est donc de taille. Et pour y arriver, il faut trouver une solution pour que les entreprises gardent les salariés seniors à leur poste.
« L’émancipation passe par le travail »
Pour la ministre, cela passe par une anticipation du vieillissement des salariés. « Une femme qui a 58 ans, de l’arthrose, si elle doit être pliée toute la journée pour s’occuper de petits enfants en crèche, c’est compliqué », explique Catherine Vautrin. Préparer, par conséquent, au mieux les salariés seniors pour la suite de leur carrière est un axe prioritaire pour la responsable.« La clé, avec des carrières qui deviennent plus longues, c’est vraiment de pouvoir anticiper en s’appuyant sur les formations et les reconversions professionnelles », juge-t-elle.
« Je ne suis pas la reine de la contrainte, je suis plutôt pour l'incitation. Il faut donc voir comment inciter les entreprises à conserver les salariés de plus de 50 ans », explique Catherine Vautrin. Elle estime qu'indemniser plus longtemps les seniors, c'est les isoler encore plus du marché de l'emploi. « Je fais partie de ceux qui pensent que l’émancipation passe par le travail plutôt que par les aides », ajoute-t-elle.
