La semaine de 4 jours gagne du terrain en France, notamment avec la décision de la RATP de l’adopter pour ses salariés volontaires. Ce modèle séduit de plus en plus d’entreprises et suscite des interrogations sur son impact sur la productivité, la qualité de vie et l’organisation du travail.
Depuis janvier 2024, la RATP testait la semaine de 4 jours auprès de 300 volontaires parmi ses agents de gares et stations de métro. Après des retours jugés positifs, le dispositif a été généralisé à toutes les lignes de métro et RER. Les salariés concernés travaillent toujours 35 heures par semaine, mais sur 4 jours au lieu de 5.
Différentes organisations du temps de travail ont été mises en place. Certains employés ont accepté des journées allongées d’environ 1h30 pour bénéficier de trois jours de repos, tandis que d’autres conservent des journées standard avec deux jours de repos. Les premiers résultats montrent une réduction du stress et de la fatigue, améliorant ainsi le bien-être au travail.
Un modèle encore peu répandu en France
L’idée d’une semaine de 4 jours n’est pas nouvelle. Dès 1993, l’économiste Pierre Larrouturou en faisait la promotion comme une solution à la réduction du chômage. En 2021, l’entreprise LDLC a été l’une des premières en France à adopter ce rythme avec une réduction du temps de travail à 32 heures sans baisse de salaire. D’autres sociétés ont suivi, mais elles restent minoritaires. En 2022, seules 5 % des entreprises françaises avaient franchi le pas.
Une étude de l’Ifop pour Politis, menée en 2024, révèle que 70 % des Français sont favorables à une semaine de 32 heures payée 35. Toutefois, cette idée rencontre des résistances, notamment du côté des employeurs qui redoutent une baisse de productivité et une désorganisation des services.
Le gouvernement mise sur la réorganisation plutôt que sur la réduction du temps de travail
Dans son discours de politique générale de janvier 2024, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal avait évoqué la possibilité d’expérimenter la semaine de 4 jours dans la fonction publique. Contrairement aux modèles existants dans certaines entreprises privées, cette approche ne vise pas à réduire le temps de travail, mais à le concentrer sur 4 jours au lieu de 5.
Concrètement, cela signifie que les agents concernés travailleraient 8h45 par jour, au lieu des 7 heures habituelles, tout en bénéficiant d’un jour de repos supplémentaire. Cette mesure, qui pourrait améliorer la qualité de vie des fonctionnaires, est cependant critiquée par les syndicats, qui la considèrent comme une simple réorganisation sans réel gain pour les salariés.
Un cadre juridique encore flou
Le Code du travail français n’impose pas de nombre de jours minimum à travailler par semaine, mais il encadre strictement la durée maximale de travail, rappellent nos confères de Mercipourlinfo. Un salarié ne peut pas dépasser 10 heures par jour, sauf dérogation, et 48 heures par semaine. Il doit également bénéficier de 11 heures de repos quotidien et de 24 heures consécutives de repos hebdomadaire.
Pour adopter la semaine de 4 jours, une entreprise doit obtenir l’accord des salariés et du comité social et économique (CSE), car cette modification entraîne une réorganisation du temps de travail. En revanche, si la réforme implique une réduction du salaire, elle ne peut être imposée aux employés.
Si la semaine de 4 jours séduit de plus en plus d’entreprises et de salariés, elle reste un modèle minoritaire en France. L’expérimentation menée par la RATP pourrait influencer d’autres employeurs, mais le gouvernement privilégie une approche sans réduction du temps de travail. Entre gains en qualité de vie et craintes sur la productivité, le débat est loin d’être clos.