Créée en octobre 1945, la Sécurité sociale marque en 2025 son 80ᵉ anniversaire dans un contexte budgétaire tendu. Selon les données communiquées par la Commission des comptes de la Sécurité sociale, le déficit global devrait dépasser 20 milliards d’euros cette année.
Ce déséquilibre survient en dehors de toute crise économique majeure, et résulte d’une dynamique structurelle entre recettes et dépenses. Le système, composé de quatre branches principales – maladie, vieillesse, famille et accidents du travail – est confronté à des dépenses en hausse constante. La branche maladie reste la plus déficitaire, avec un manque estimé à plus de 10 milliards d’euros.
Les dépenses hospitalières, la progression des arrêts de travail et la revalorisation des salaires dans le secteur de la santé contribuent à cette évolution. La branche vieillesse, quant à elle, est affectée par le vieillissement de la population et l’augmentation du nombre de retraités.
Des recettes de la Sécurité sociale en croissance ralentie face à des dépenses dynamiques
Les recettes de la Sécurité sociale reposent principalement sur les cotisations sociales et sur la contribution sociale généralisée (CSG). Leur progression a été freinée par le ralentissement économique et la modération salariale observée ces derniers mois. Dans le même temps, les dépenses augmentent plus rapidement, notamment sous l’effet des politiques publiques de soutien au pouvoir d’achat et des revalorisations automatiques des prestations.
Selon le rapport de la Commission des comptes, la situation devrait encore se dégrader à moyen terme. Le déficit pourrait atteindre 25 milliards d’euros en 2025 si aucune mesure corrective n’est mise en œuvre. Les projections de la Direction de la Sécurité sociale estiment qu’un retour à l’équilibre ne serait envisageable qu’à partir de 2030, sous réserve d’un redressement durable des recettes.
Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM), a rappelé lors d’une audition devant la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale que « la soutenabilité du financement du système suppose de poursuivre les efforts de maîtrise des dépenses sans compromettre la qualité des soins ». Il a également souligné l’importance des réformes en cours visant à moderniser les parcours de soins et à renforcer la prévention.
Le vieillissement de la population exerce également une pression croissante sur la branche vieillesse. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la part des personnes âgées de plus de 75 ans passera de 10,6 % en 2025 à 16,4 % en 2050. Cette évolution structurelle alourdira mécaniquement les dépenses de retraite et de santé.
Un modèle social en réévaluation
La question du financement de la Sécurité sociale reste au centre des débats économiques et politiques. Plusieurs rapports publics, dont celui du Haut Conseil pour le financement de la protection sociale publié en juillet 2025, recommandent d’élargir les sources de financement et de réduire la dépendance aux cotisations sur les revenus du travail. Les pistes évoquées incluent une augmentation de la fiscalité écologique, un élargissement de la CSG ou une meilleure répartition entre l’État et les branches.
Le gouvernement a indiqué vouloir présenter un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 visant à stabiliser la trajectoire budgétaire. Ce texte devrait comporter des mesures de rationalisation des dépenses, notamment dans le domaine hospitalier et dans les dépenses de soins de ville.
À 80 ans, la Sécurité sociale demeure un pilier central de la protection sociale française. Son avenir dépendra de la capacité collective à concilier équilibre financier, équité de financement et maintien d’un haut niveau de solidarité.








