Sécurité sociale : les pistes de la Cour des comptes pour économiser 20 milliards d’euros

La Cour des comptes propose des mesures pour réduire les dépenses de la Sécurité sociale, mais certaines critiques soulignent leur insuffisance face aux défis financiers actuels.

Publié le
Lecture : 3 min
L'entrée de la Cour des comptes qui a exposé plusieurs pistes pour réduire les dépenses de la Sécurité sociales
Sécurité sociale : les pistes de la Cour des comptes pour réduire les dépenses, quel impact pour les ménages ? | Econostrum.info

Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 est en préparation, la Cour des comptes a présenté des propositions pour économiser près de 20 milliards d’euros. Ces mesures visent à maîtriser les dépenses de santé, mais certaines restent jugées insuffisantes pour résoudre le déficit structurel.

Le rapport de la Cour des comptes s’inscrit dans un contexte où l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam), fixé à 206,5 milliards d’euros pour 2026, doit être respecté jusqu’en 2029. Plusieurs mesures sont proposées pour parvenir à ces économies. La réduction des prix des médicaments, des dispositifs médicaux et des prestations associées est l’une des principales pistes, représentant une économie potentielle de 5,3 milliards d’euros. Cette réduction des coûts toucherait non seulement les médicaments mais aussi les actes médicaux et les équipements, dans le but de limiter les dépenses publiques liées aux soins de santé.

En outre, la pertinence des prescriptions est un autre axe stratégique. L’idée est d’inciter les professionnels de santé à adopter des pratiques plus adaptées et à réduire les prescriptions inutiles. Cette démarche pourrait permettre d’économiser 2,8 milliards d’euros. Une autre proposition importante concerne la lutte contre la fraude sociale et les remboursements indus, qui devraient permettre de générer des économies estimées à 1,5 milliard d’euros. Le rapport suggère donc un renforcement des contrôles afin de limiter les abus dans les remboursements effectués par la Sécurité sociale.

Des mesures jugées insuffisantes par certains experts

Malgré les ambitions affichées par la Cour des comptes, certains experts estiment que les mesures proposées ne suffisent pas à résoudre l’ampleur du problème. Laurent Cappelletti, économiste et professeur au CNAM, indique que ces économies ne représentent qu’une fraction des véritables défis financiers auxquels la Sécurité sociale fait face. « Oui, pour remettre de la rigueur dans certains domaines, comme la lutte contre la fraude sociale ou la gestion des arrêts de travail, mais cela ne rapporte que 20 milliards. Or, l’absentéisme au travail en France coûte 100 milliards », souligne-t-il à CNews. Cette observation met en lumière un écart considérable entre les propositions actuelles et les véritables leviers à activer pour un redressement financier en profondeur.

En complément de ces propositions, la Cour des comptes recommande une plus grande participation des mutuelles dans le financement des soins de santé. Une suggestion qui a pour but de réduire la charge financière de la Sécurité sociale en transférant une partie des dépenses vers les assurances santé privées. Mais cette proposition ne fait pas l’unanimité, car elle pourrait alourdir les coûts pour les assurés sociaux, en particulier ceux qui ont des contrats moins avantageux.

Par ailleurs, la contribution des patients aux frais de santé pourrait également être augmentée, ce qui suscite des inquiétudes sur la possibilité de pénaliser davantage les malades. En 2024, le déficit de la Sécurité sociale a déjà atteint plus de 15 milliards d’euros, et les mesures envisagées par la Cour des comptes risquent d’être insuffisantes face à cette situation.

Des solutions à compléter pour une réforme de la Sécurité sociale

La question de la rationalisation des dépenses de santé ne se limite pas aux propositions actuelles de la Cour des comptes. Bien que les recommandations, telles que la lutte contre la fraude ou l’optimisation des prescriptions, soient un bon début, elles ne suffisent pas à résoudre les problèmes structurels du système. La réforme du financement de la Sécurité sociale devra inclure des mesures plus larges, notamment en matière de gestion des arrêts de travail, de politique salariale dans les secteurs de la santé, et de prise en charge des maladies chroniques.

En conclusion, si les propositions de la Cour des comptes vont dans la bonne direction, elles ne répondent qu’en partie à l’ampleur du défi auquel la Sécurité sociale est confrontée. Un débat plus large sera nécessaire pour définir des solutions pérennes et efficaces face à un déficit croissant et à des besoins de financement qui ne cessent d’augmenter. Les mois à venir seront cruciaux pour définir les contours de la réforme et assurer la pérennité du système de santé public en France.

Laisser un commentaire

Partages