La Sécurité sociale française fait face à un déficit croissant, attendu à 24 milliards d’euros en 2025, selon les projections du gouvernement. Malgré des tentatives pour limiter les dépenses, plusieurs mesures de rigueur ont été abandonnées sous la pression parlementaire. Cette situation soulève des questions sur la soutenabilité financière des prestations sociales et des dépenses de santé.
Initialement, le gouvernement visait un déficit limité à 16 milliards d’euros grâce à une série de mesures d’économies prévues dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Cependant, les compromis trouvés en commission mixte paritaire (CMP) et les débats parlementaires ont considérablement alourdi la facture.
Par exemple, les économies liées à une réduction des exonérations de cotisations patronales ont été réduites de 4 à 1,6 milliard d’euros, limitant l’impact budgétaire escompté. D’autres décisions, comme la sous-indexation des pensions de retraite à 0,8 %, ont également été abandonnées. Au lieu de cela, les pensions ont été revalorisées de 2,2 %, en ligne avec l’inflation, ajoutant plus de 3 milliards d’euros au déficit.
Une dégradation des prévisions économiques
Les prévisions économiques globales se sont également assombries, aggravant les difficultés budgétaires. L’augmentation des dépenses, notamment dans le secteur de la santé, contribue à la dégradation de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam). Des propositions pour réduire les remboursements de consultations et de médicaments ont été abandonnées, augmentant encore la pression sur le budget de la Sécurité sociale.
Parmi les mesures encore en débat, figure une proposition de sept heures de travail supplémentaires non rémunérées par an pour les actifs, avancée par la ministre du Travail, Catherine Vautrin. Cette idée, qui pourrait générer des économies, est toutefois très contestée et semble peu susceptible de rallier un consensus à l’Assemblée nationale.
De plus, des économies potentielles sur les médicaments restent floues, ajoutant à l’incertitude sur les moyens de contenir le déficit. Selon certains observateurs, ces ajustements budgétaires tardifs reflètent des tensions croissantes entre les impératifs financiers et les attentes sociales.
Un déficit alarmant mais attendu
Selon la rapporteure générale de la Commission des Affaires sociales du Sénat, Elisabeth Doineau, un déficit autour de 25 milliards d’euros était prévisible compte tenu des concessions budgétaires effectuées. Cependant, ce niveau de déficit soulève des inquiétudes sur la capacité à maintenir les prestations sociales à long terme.
Alors que le PLFSS doit encore être examiné à l’Assemblée nationale en février, l’avenir de la Sécurité sociale semble de plus en plus dépendre de réformes structurelles ambitieuses. Dans l’attente de ces arbitrages, le déficit reste une épine dans le pied du gouvernement, alors que le pays cherche un équilibre entre rigueur budgétaire et préservation du modèle social.