Scandale Nestlé : les sénateurs menacent d’intenter des poursuites contre le groupe

Le refus de Nestlé de répondre aux questions des sénateurs sur le scandale des eaux en bouteille pourrait entraîner des poursuites judiciaires.

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Eaux minérales en bouteille de la marque Nestlé
Scandale Nestlé : Les sénateurs menacent d'intenter des poursuites contre le groupe | Econostrum.info

Le 19 mars 2025, la directrice générale de Nestlé Waters, Muriel Liénau, a été auditionnée par une commission d’enquête sénatoriale concernant des pratiques controversées liées à la production d’eau en bouteille. Alors que la dirigeante a persisté à ne pas répondre aux questions essentielles sur les filtres interdits dans ses usines, les sénateurs ont menacé de poursuites, soulignant un manque de coopération de la part du géant agroalimentaire. 

L’audition de Muriel Liénau a rapidement tourné au clash. Interrogée sur l’installation de filtres interdits dans les usines de Vittel, Hépar, et Perrier, la dirigeante de Nestlé a répondu par des éléments de langage généraux, mettant en avant les « qualités gustatives » et la « pureté » de l’eau. Cependant, lorsqu’il s’agissait de répondre aux questions précises sur les fraudes, Mme Liénau a esquivé, affirmant que les décisions avaient été prises « dans le passé » sans pouvoir fournir de détails sur leur origine ou leur date d’installation, rapporte Franceinfo.

Les sénateurs, furieux de ce manque de transparence, ont rapidement fait part de leur frustration, qualifiant la situation de « scandaleuse », « méprisante » et « déloyale ». Le président de la commission, Laurent Burgoa, a rappelé que le refus de répondre à ces questions était passible de sanctions, dont deux ans de prison et 7 500 euros d’amende, selon la législation en vigueur. Pourtant, cette menace n’a pas suffi à faire fléchir la dirigeante de Nestlé, qui a persisté dans son mutisme.

Une fraude cachée sous l’argument de la sécurité alimentaire

Lors de son audition, Muriel Liénau a tenté de justifier l’utilisation de filtres à 0,2 microns, considérés comme des dispositifs de désinfection, en affirmant qu’ils avaient été installés pour « assurer la sécurité alimentaire ». Or, cette explication est loin de rassurer, car ces filtres, utilisés sur les sites de Perrier et d’autres usines du groupe, contredisent la réglementation européenne concernant les eaux minérales naturelles. En effet, la directive européenne stipule que l’eau minérale naturelle doit être pure à la source, sans traitement de désinfection.

Pourtant, ces filtres ont un effet désinfectant, ce qui modifie la composition microbiologique de l’eau, ce qui pourrait altérer sa qualité. Les rapports de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et de l’Agence régionale de santé (ARS) ont mis en évidence des contaminations microbiologiques dans les eaux de Nestlé, y compris des traces de germes fécaux, ce qui est inacceptable pour un produit vendu comme eau minérale naturelle.

Des réponses évasives sur la contamination de l’eau

L’interrogation des sénateurs sur la qualité de l’eau distribuée par Nestlé a mis en évidence une autre contradiction. Alors que la directrice de Nestlé assurait que les ressources en eau du groupe étaient « pures à la source », plusieurs rapports révèlent des contaminations bactériennes et une « insuffisance de confiance » dans la qualité sanitaire des eaux produites par Nestlé.

Ces éléments jettent une ombre sur l’intégrité de l’entreprise, d’autant plus qu’une enquête est en cours en Belgique concernant des pratiques similaires. À l’issue de l’audition, la sénatrice Antoinette Guhl a demandé explicitement : « L’eau que vous commercialisez aujourd’hui est-elle toujours de l’eau minérale naturelle, oui ou non ? » À cette question directe, la réponse de Muriel Liénau est restée vague et insatisfaisante. Le flou qui entoure la qualité de l’eau et les pratiques industrielles du groupe alimente de nombreuses inquiétudes.

Une situation qui pourrait mener à des poursuites contre Nestlé

La pression continue des sénateurs, qui ont menacé Nestlé de poursuites judiciaires pour non-respect de leurs obligations, met en lumière le manque de coopération du groupe face à des accusations graves. Ce scandale soulève des questions sur la transparence des grandes entreprises alimentaires, en particulier dans un secteur aussi crucial que celui de l’eau. Si Nestlé ne fournit pas rapidement des réponses claires et satisfaisantes, les autorités françaises pourraient envisager des sanctions plus sévères.

En conclusion, ce scandale des eaux en bouteille pourrait avoir des répercussions majeures pour Nestlé, tant sur le plan juridique que sur son image. Les sénateurs, déterminés à faire la lumière sur cette affaire, ne comptent pas laisser la question se régler dans l’ombre. Le sort de la production d’eau minérale naturelle en France, particulièrement celle de Perrier, dépendra de la capacité de l’entreprise à se conformer aux exigences légales et à garantir la pureté de ses produits.

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