Le projet de loi du financement de la Sécurité social en prévision de l'année 2024 est sur le point d'être mis en place. À ce propos, Bruno Le Maire avait annoncé des changements significatifs juin dernier, notamment dans le secteur de la santé. Ces derniers s'inscrivent dans l'optique d'augmenter le budget annuel du gouvernement, ce qui va permettre de faire des économies estimées à près d'un milliard d'euros par an.
Une décision qui fait grincer les dents de plus d'un !
Depuis 2008, le patient français ne paye que 50 centimes d'euros sur une boite de médicament, seulement un euro pour une consultation chez le médecin et un peu plus de 19 euros quand il passe aux urgences. Pour le reste, c'est la Sécurité sociale qui s'en charge. Cette partie que le patient est tenu de régler de sa poche, autrement dit la franchise médicale, risque de se voir dédoubler à partir de 2024. Cette mesure, qui va permettre à la Sécurité sociale de couvrir son déficit dans « la branche maladie » estimé à 7 milliards d'euros, représente l'objet d'un vrai bras de fer politique.
Le ministère de l'Économie n'a pas encore tranché sur cette décision. Cependant, les syndicats et les professionnels de la santé se révoltent déjà et montent au créneau. Selon les échos, Gérard Raymond, le président de France Assos Santé, avec cette mesure, l'État lèse les Français pour le simple fait d'être tombés malades, notamment ceux qui ont des revenus modestes. « Si la mesure va au bout, on serait dans la double, la triple, la quadruple peine. Les Français ne trouvent plus de médecin traitant, ils galèrent à avoir un rendez-vous chez un spécialiste… Et maintenant, ils sont financièrement punis ! » se révolte le président de la plus grande fédération des usagers de la santé en France.
De son côté, Agnès Giannotti, patronne de MG France, le principal syndicat des généralistes, exprime sa colère contre l'augmentation de la participation forfaitaire. Selon elle, il s'agit d'une mesure qui appauvrit davantage les personnes en fragilité financière, déjà touchées par cette forte inflation que vit la France. « Ces patients qui sont juste au-dessus des seuils pour bénéficier des aides d'État, mais qui ont des maladies chroniques, avec des médicaments à prendre quotidiennement et des rendez-vous réguliers chez leur médecin traitant » s'insurge la patronne du MG.
L'augmentation du plafond est au cœur des négociations !
La franchise médicale permet au patient de payer un cumul de plafond qui ne dépasse pas 50 euros par an. Dans le cas ou cette charge dépasse ce seuil, l'État rembourse cet excèdent. Le ministère des Comptes publics est donc face à deux pistes de réflexions : une augmentation axée uniquement sur la franchise médicale, ou alors une alternative qui inclut le plafond en plus de cette dernière.
Cela représente un réel défi pour les personnes qui ont des maladies chroniques et qui sont tenues de prendre des rendez-vous réguliers avec leur médecin traitant. « Pour eux, si on double la franchise, la facture peut vite atteindre 100 euros par an », se révolte un responsable syndical qui siège au conseil de la Cnam (Caisse nationale d'assurance maladie). Quant aux femmes enceintes de plus de six mois et aux bénéficiaires de l'AME (Aide médicale d'État), ils ne sont pas concernés par cette franchise.
Par ailleurs, selon Philippe Besset, président du premier syndicat des pharmaciens d'officine, pour faire face à cette éventuelle impasse, il faut surveiller de près le plafond : « Si ce plafond n'augmente pas, la répercussion sur les patients devrait en réalité être minime » déclare-t-il.