Selon les données de Malakoff Humanis, le reste à charge moyen des Français sur leurs dépenses de santé s’élevait à 541 euros en 2019, sur un total de 1 408 euros. L’assurance maladie obligatoire couvrait alors moins de 60 % de ces dépenses pour les personnes non reconnues en affection longue durée.
Les personnes en ALD bénéficient d’une prise en charge censée atteindre 100 %, mais celle-ci ne couvre que les tarifs de base. Les dépassements d’honoraires, soins de confort ou de soutien, souvent prescrits dans les cas de maladies chroniques, ne sont pas remboursés par l’Assurance maladie.
Laurent Borella, directeur santé chez Malakoff Humanis, a précisé lors d’une table ronde de l’Association des journalistes de l’information sociale que les personnes en ALD ont un reste à charge réel avoisinant 15 %. Les patients doivent alors s’appuyer sur les complémentaires santé, si elles sont disponibles. Les soins tels que les consultations chez le diététicien ou l’ostéopathe, bien que fréquemment prescrits, ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale.
Reculs de la prise en charge et transferts de coûts
Thomas Wanecq, directeur de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, a indiqué que l’assurance maladie et l’État couvraient 79,4 % de la consommation de soins et de biens médicaux en 2024. Ce taux a légèrement reculé par rapport à l’année précédente. Ce changement s’explique notamment par une baisse de la prise en charge des soins dentaires, passée de 70 % à 60 %, transférant ainsi une part des dépenses vers les complémentaires santé.
La hausse des franchises médicales et participations forfaitaires décidée au printemps 2024 a renforcé cette tendance. Elle implique un reste à charge non remboursable par les mutuelles : un euro par boîte de médicament et deux euros par consultation. La Direction de la Sécurité sociale estimait à 800 millions d’euros les économies attendues. Un nouveau décret préparé à l’été 2025 prévoit un doublement de ces montants, sauf si le déficit de la Sécurité sociale passe sous les 20 milliards d’euros d’ici 2026.
La Fédération nationale de la mutualité française a relevé une augmentation moyenne de 6 % des cotisations en 2025, après une hausse de 8,1 % en 2024. Ces évolutions sont en partie liées au transfert de charges et à la mise en œuvre du dispositif 100 % santé, financé à 62 % par les complémentaires, selon la Drees.
Inégalités d’accès à la santé selon le niveau de vie et l’âge
Denis Raynaud, directeur de l’Institut pour la recherche et la documentation en économie de la santé, a souligné que la réforme du 100 % santé ne s’applique qu’aux personnes disposant d’une complémentaire. Selon ses données, 10 % des retraités du premier quintile des niveaux de vie n’en ont pas. La complémentaire santé solidaire, réservée aux personnes gagnant moins de 1 163 euros par mois, exclut donc des personnes vivant sous le seuil de pauvreté fixé à 1 288 euros mensuels pour une personne seule, selon l’Insee.
Les personnes âgées souscrivant une complémentaire santé individuelle sont également exposées à des tarifs élevés. D’après Denis Raynaud, une prime d’assurance santé peut représenter jusqu’à 15 % du revenu disponible au niveau du seuil de pauvreté. Les réformes de 2016, ayant généralisé la complémentaire santé d’entreprise, ont déplacé le marché vers les actifs jeunes, ce qui a contribué à alourdir le coût des contrats pour les retraités.
Concernant les frais d’hospitalisation, la couverture atteint 94,5 % selon la Drees. Toutefois, des forfaits journaliers non remboursés peuvent s’ajouter. Un séjour de 30 jours en réanimation peut engendrer un reste à charge de plus de 600 euros, sans compter les 20 % de frais restants si aucune mutuelle n’est détenue.








