La rémunération des dirigeants d’entreprises est souvent au cœur des débats politiques et économiques. L’audition de Luca de Meo, patron de Renault, a ravivé cette polémique, notamment en raison de l’écart entre son salaire et celui des ouvriers du groupe. Comment justifie-t-il sa rémunération et quels sont les arguments avancés pour la défendre ?
Lors de cette audition à l’Assemblée nationale, le député Benjamin Lucas (EELV) a vivement interpellé Luca de Meo sur son niveau de rémunération. Il a notamment rappelé que son salaire annuel équivalait à celui de 260 travailleurs au SMIC, une comparaison qui a fait réagir.
Le dirigeant perçoit un salaire fixe de 1,7 million d’euros, auquel s’ajoutent des bonus variables, portant son revenu total à 5,5 millions d’euros. Cette rémunération a augmenté de 30 % en 2024, alors que Renault a bénéficié de 248 millions d’euros d’aides publiques l’année précédente.
Pour certains parlementaires, ce niveau de rémunération interroge sur l’équité salariale au sein du groupe, notamment dans un contexte de restructuration et de fermeture de la Fonderie de Bretagne, ancienne filiale de Renault en difficulté.
Un dirigeant sous pression qui défend son travail
Face aux critiques, Luca de Meo a défendu sa rémunération en mettant en avant ses résultats et son engagement personnel. Il affirme travailler 60 à 80 heures par semaine et assumer d’importantes responsabilités, rapporte BFMTV.
Il a également insisté sur la performance financière de Renault depuis son arrivée en 2020. Selon lui, la valeur boursière du groupe a été multipliée par trois, générant 10 milliards d’euros de cash et 10 milliards de marge opérationnelle. Il rappelle que 93 % des salariés du groupe détiennent désormais 10 % du capital de Renault, ce qui, selon lui, prouve une meilleure répartition de la richesse créée.
Les investissements et la relocalisation de la production de Renault en France
Au-delà de la question salariale, Luca de Meo a mis en avant les efforts de Renault pour relocaliser la production en France. Il affirme que l’entreprise est en train de doubler sa production nationale, passant de 400 000 à 800 000 véhicules d’ici 2028-2030.
Le dirigeant a également souligné que Renault privilégiait désormais des fournisseurs français, avec un total de 5 milliards d’euros de commandes passées à des entreprises locales. Il cite notamment l’exemple de la Renault 5, qui aurait pu être produite au Maroc ou en Turquie, mais qui sera finalement assemblée à Douai, en raison de la compétitivité retrouvée du site français.
Un débat récurrent sur les salaires des dirigeants
La défense de Luca de Meo s’inscrit dans un débat plus large sur la rémunération des dirigeants du CAC 40. Les écarts entre les salaires des PDG et ceux des salariés sont régulièrement critiqués, notamment lorsque des plans sociaux ou des aides publiques sont en jeu.
Si certains estiment que ces rémunérations sont justifiées par la performance et la responsabilité, d’autres considèrent qu’elles doivent être encadrées ou taxées davantage. Ce débat pourrait revenir sur le devant de la scène alors que le gouvernement envisage de nouvelles mesures fiscales sur les hauts revenus en 2025.
L’intervention de Luca de Meo montre que les dirigeants doivent désormais justifier leur rémunération face à une opinion publique de plus en plus exigeante sur les questions de justice sociale et d’équité économique.