1,2 million de bénéficiaires concernés : comment s’applique la réforme du RSA

Depuis le 1er janvier 2025, les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) doivent désormais réaliser 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires pour conserver leurs droits. Présentée comme une mesure d’accompagnement vers l’emploi, cette obligation suscite des réactions partagées. Certains y voient une opportunité pour se réinsérer professionnellement, tandis que d’autres dénoncent une forme de contrainte administrative difficile à mettre en œuvre. Entre formations, stages et suivi individualisé, le dispositif reste encore flou, et son efficacité à long terme interroge.

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Fronton de la CAF sur lequel on lit "Allocations familiales" et "RSA"
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La mise en place de ces heures d’activité obligatoires vise à renforcer l’accompagnement des bénéficiaires du RSA vers un retour à l’emploi. Ce changement majeur s’appuie sur un contrat d’engagement signé avec France Travail, définissant un parcours adapté aux besoins de chaque allocataire. Cependant, des inquiétudes subsistent quant aux moyens mis en place et aux répercussions sur les personnes concernées.

La réforme du RSA conditionné marque un tournant dans l’accompagnement des bénéficiaires vers l’emploi durable. Chaque allocataire doit désormais signer un contrat d’engagement et suivre un programme d’activités hebdomadaires, sous peine de sanctions. Si le gouvernement défend une mesure qui favorise l’autonomie professionnelle, certains experts et associations dénoncent un manque de moyens et de clarté.

Un accompagnement individualisé, selon le gouvernement

Contrairement aux craintes de travail forcé, le dispositif repose sur un suivi personnalisé. Chaque bénéficiaire débute son parcours par un entretien de diagnostic avec un conseiller de France Travail, au cours duquel un contrat d’engagement est établi. Celui-ci fixe le nombre d’heures d’activité et précise les missions proposées, en fonction des compétences et des besoins de l’allocataire.

Geoffroy, 52 ans, bénéficiaire du RSA jusqu’à récemment, a vu dans ce programme une opportunité de relance. « Au départ, j’étais inquiet par rapport aux quinze heures, mais en réalité, il ne s’agit pas du tout de ce qu’on imagine. Il y a un cadre posé et une obligation de faire des actions, mais nous sommes libres de les choisir. » Grâce à cet accompagnement, il a pu participer à des ateliers de préparation à l’emploi et décrocher un poste de chauffeur de bus.

Des activités adaptées aux projets des bénéficiaires du RSA

L’un des points clés du programme est l’adaptation des activités aux besoins et objectifs professionnels des allocataires. Pour Vanessa, 38 ans, qui souhaitait se reconvertir dans le secteur de l’aide à la personne, l’accompagnement a été déterminant. « Ma conseillère m’a orientée vers une formation d’agent de soins médico-sociaux qui me permettait de postuler dans des établissements comme les EHPAD ou les hôpitaux ». Elle a également pu bénéficier d’une aide pour financer son permis de conduire, indispensable dans son domaine.

Pour d’autres, comme Geoffroy, l’objectif était de reprendre contact avec le marché du travail après plusieurs années de chômage. Grâce à France Travail, il a participé à des sessions de job dating, où il a rencontré son employeur. « J’ai eu un bon “feeling” et j’ai appris que mon permis de conducteur de bus pouvait être financé. Comme j’adore conduire, je me suis lancé ! »

Un défi administratif encore mal maîtrisé

Si les témoignages positifs existent, le dispositif se heurte à des lourdeurs administratives. L’économiste Erwann Tison pointe du doigt la complexité du système : « Il y a une myriade d’établissements qui travaille conjointement à France Travail, ce qui fait qu’il est très difficile d’avoir un interlocuteur unique. » Cette fragmentation entraîne un manque de clarté et des retards dans la mise en place des contrats d’engagement.

Avec 1,2 million de nouveaux inscrits au RSA, le manque d’effectifs inquiète. Un conseiller suit en moyenne 60 allocataires, bien loin du ratio idéal de 1 pour 12 recommandé pour un accompagnement efficace. « Ce maquis administratif décourage davantage les gens les plus éloignés du marché du travail. », regrette Erwann Tison auprès du Figaro.

Un dispositif à surveiller dans les mois à venir

Si cette réforme vise à réduire la précarité en favorisant un retour progressif vers l’emploi, elle doit encore faire ses preuves. Le suivi renforcé pourrait être une opportunité pour les bénéficiaires, à condition que les moyens alloués permettent une prise en charge efficace et humaine.

Certains experts estiment que le tissu associatif jouera un rôle clé, notamment pour les personnes les plus éloignées du marché du travail. L’avenir dira si ces heures d’activité obligatoires constituent un véritable levier vers l’emploi durable, ou si elles se transformeront en un fardeau bureaucratique pour les allocataires et les administrations concernées.

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