Le 18 mars 2025, le gouvernement britannique a présenté une réforme des aides sociales destinée à économiser des milliards de livres, notamment en réduisant les prestations accordées aux personnes handicapées. Cette décision, qui touche des millions de bénéficiaires, est au cœur d’une polémique intense. Les syndicats, les associations et même certains députés de son propre camp dénoncent cette réforme.
La réforme concerne principalement le « Personal Independence Payment » (PIP), une aide financière destinée aux personnes handicapées ou malades de longue durée. Ce système, qui permet d’accompagner les personnes dans leur quotidien et leurs besoins spécifiques, verra son éligibilité durcie. Selon le gouvernement, cette mesure vise à économiser 5 milliards de livres par an d’ici 2030. Les bénéficiaires actuels, qui incluent environ 3,6 millions de personnes, pourraient se voir réduire l’accès à ces aides, ce qui suscite une inquiétude croissante parmi les associations de défense des droits des personnes handicapées.
Le financement du réarmement britannique
La principale justification avancée par le gouvernement de Keir Starmer pour ces coupes est la nécessité de financer le réarmement face à la menace russe. Le Royaume-Uni a augmenté de manière significative ses dépenses de défense, notamment avec un objectif de porter ces dépenses à 2,5 % du PIB d’ici 2027. Dans ce contexte de tensions géopolitiques croissantes, le gouvernement cherche à allouer des ressources supplémentaires à la défense, quitte à réduire les dépenses sociales. Cette politique de priorisation des dépenses militaires, selon certains observateurs, semble incompatible avec un engagement solide en faveur des droits sociaux et de la solidarité.
La réforme ne fait pas l’unanimité, même au sein du Parti travailliste. Des voix discordantes s’élèvent contre la réduction des aides aux personnes handicapées. Plusieurs députés de gauche, dont Debbie Abrahams, critiquent l’impact de cette décision sur les populations les plus fragiles. Selon ces députés, la réforme risque d’aggraver les inégalités et d’augmenter la pauvreté parmi les plus vulnérables, au moment où le Royaume-Uni cherche à renouer avec la stabilité économique après une période d’instabilité mondiale. Les critiques estiment que le gouvernement devrait revoir sa politique d’austérité sociale pour éviter d’aggraver la situation des familles les plus précaires.
Réactions des associations de défense des personnes handicapées et des syndicats
Les associations de défense des personnes handicapées et les syndicats ont vivement réagi à cette réforme. L’organisation Scope, qui soutient les personnes en situation de handicap, a dénoncé ces réductions comme « les plus importantes jamais réalisées dans les prestations d’invalidité ». L’association Z2K, qui lutte contre la pauvreté, a également exprimé son indignation, qualifiant ces mesures de « choquantes et dangereuses ». Ces réformes, selon ces organisations, vont non seulement nuire à des milliers de familles, mais risquent aussi d’exacerber les inégalités sociales déjà croissantes.
La décision du gouvernement britannique de réduire les aides aux personnes handicapées soulève des questions profondes sur la direction prise par le pays en matière de politique sociale. Bien que justifiée par des impératifs de sécurité nationale et de réarmement, cette réforme risque de creuser encore davantage les inégalités et d’affecter les plus vulnérables. Face à la pression des syndicats et des associations, le gouvernement devra justifier de manière transparente ses choix et peut-être revoir certains aspects de cette réforme.