La tension continue de monter entre l’Union européenne et la Chine. Le ministère du Commerce chinois vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête sur les pratiques commerciales jugées déloyales de l’UE. La mesure intervient suite à la décision de Bruxelles d’imposer jusqu’à 38 % de droits de douanes sur l’importation des véhicules électriques chinois.
Dans un communiqué, publié le 10 juillet, le ministère chinois du Commerce a fait part de l’ouverture d’une enquête sur les pratiques de l’Union européenne, à laquelle il reproche de mettre des obstacles au commerce et à l’investissement des entreprises chinoises. Cette décision, est-il précisé dans le même communiqué, fait suite à une plainte de la Chambre de commerce chinoise portant notamment sur « des produits, tels que des locomotives, l’énergie photovoltaïque, l’énergie éolienne ».
Cette décision de la Chine, faut-il le rappeler, fait suite à une précédente mesure prise, il y a quelques jours, par l'Union européenne. En effet, la Commission européenne avait, en date du 4 juillet 2024, annoncé le lancement d’une procédure visant les voitures électriques chinoises vendues dans l’espace européen. Bruxelles expliquait que les prix de ces véhicules étaient artificiellement bas du fait que l’État chinois octroyaient aux fabricants des subventions qui faussent le marché et nuisent à la compétitivité des autres constructeurs.
Aussi, tout en assurant de sa disponibilité à des négociations avec le partenaire chinois en vue d’un compromis sur ces subventions, l’Union européenne avait décidé d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 37,6 % sur les importations de voitures électriques chinoises. Jusque-là, à caractère conservatoire, la mesure pourrait devenir définitive à partir de novembre 2024.
Aussi, en plus des droits de douane de 10 % déjà existants sur les importations de véhicules, de nouveaux droits seront imposés aux constructeurs chinois, à savoir 17,4 % pour BYD, 19,9 % pour Geely et 37,6 % pour SAIC. Pour leur part, les fabricants étrangers produisant leurs véhicules en Chine, tels que Tesla et BMW, seront taxés à 20,8 %, selon l’UE qui estime qu’ils ont été coopératifs dans son enquête. Mais, ceux qui ne coopèrent pas devront s’acquitter de droits de douanes évalués à 37,6 %.
La guerre entre la Chine et l'UE par enquêtes interposées
Au mois de février déjà, l’Union européenne avait, dans le cadre de sa nouvelle réglementation anti-subventions, ouvert une enquête contre une filiale du constructeur ferroviaire chinois CRRC qui avait soumissionné pour la fourniture de trains électriques en Bulgarie. Ce dernier s'est retiré fin mars.
Au mois d’avril, deux consortiums chinois devant réaliser et exploiter un parc photovoltaïque en Roumanie se sont vus visés par une autre enquête ouverte par l’Union européenne. Une filiale du géant chinois Longi, premier fabricant mondial de cellules photovoltaïques, faisait partie du premier consortium visé, tandis que deux filiales du groupe étatique chinois, Shanghai Electric, faisaient partie du second consortium, objet de la même enquête. Fin avril, l’UE a ouvert une autre enquête sur les marchés publics des dispositifs médicaux en Chine pour pratiques « discriminatoires ».
Toujours dans ce contexte de tension, la Chine avait, de son côté, ouvert, en janvier dernier, une enquête sur une éventuelle infraction à la concurrence des eaux-de-vie de vin, tel que le cognac, en provenance de l’UE, particulièrement de France. En juin, les importations de porc et de produits porcins en provenance de l’UE avaient été visées par une autre enquête antidumping de la Chine. La France, l’Espagne, le Danemark et les Pays-Bas étaient, en grande partie, les pays exportateurs de ces produits. Enfin, toujours en juin, après la décision de l'UE de surtaxer les voitures électriques chinoises, la Chine avertissait qu’elle « se réservait le droit » de porter plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).