Anciennement Pôle emploi, France Travail est une structure qui a pour but d'accompagner les demandeurs d'emploi dans leur réinsertion dans la vie active. Toutefois, une étude réalisée auprès d'agents travaillant pour France Travail met le doigt sur les conditions parfois délicates dans lesquelles évoluent ces travailleurs. Certains agents parlent même d'une « structure qui crée de la précarité ».
Le 13 août dernier, la Dares a publié une étude réalisée par les trois chercheurs Antoine Duarte, Jean Jaurès et Stéphane Le Lay. Dans le cadre de cette enquête, les trois experts ont interrogé des psychologues et des agents travaillant chez France Travail (anciennement Pôle emploi). Les chercheurs insistent sur le fait que cette étude « n’aurait pas été possible sans l’aval de la direction régionale de Pôle emploi ».
Celle-ci, « porte un intérêt particulier aux questions de santé mentale des individus en situation précaire, et qui a facilité et coordonné nos interventions et nos réunions collectives avec les conseillers volontaires », explique les experts. Selon cette étude, les agents et psychologues interrogés font part d'un constat pas très enchanteur. Ils évoquent une désorganisation et une accentuation de la pression au sein de l'organisme.
« L'ensemble des activités à réaliser dépassent largement, selon les participants (de cette étude, NDLR) le temps de travail légal. La pression temporelle liée à la surcharge de travail donne ainsi l’impression de traiter du “flux” au détriment d’une écoute affinée de la situation du demandeur d’emploi, et de son accompagnement », expliquent les trois chercheurs.
Les salariés de France Travail évoquent « un sentiment de pression productiviste »
D’ailleurs, dès fin 2014, la convention tripartite pluriannuelle entre l’État, l’Unédic et Pôle emploi faisait part d'un « développement d’une culture de la performance ». Ainsi, la priorité était donc aux chiffres, ce qui n'est pas sans conséquence sur les agents et autres travailleurs de l'organisme chargé d'accompagner les demandeurs d'emploi. D'ailleurs, les salariés de France Travail évoquent « un sentiment de pression productiviste, avec un discours largement porté sur les quantités de dossiers clôturés ».
Outre leurs conditions de travail, les agents interrogés dans le cadre de cette étude décrivent France Travail comme étant « une structure qui crée de la précarité ». Ils pointent notamment du doigt le recours massif au CDD et aux contrats de service civique au sein des agences de proximité de l’opérateur. Pour illustrer cela, les trois chercheurs ont donné l'exemple d'une agence qui compte environ 80 % d'agents considérés comme « précarisés ».
Selon les agents interrogés, les demandeurs d'emploi seraient aussi impactés par les politiques de France Travail. En effet, la structure est accusée par ses salariés de faire la promotion de statuts d'emploi qui seraient, selon eux, contributeurs à la « précarisation sociale ».