Le Sénat a décidé de réformer l’abattement fiscal pour les pensions de retraite, en ciblant les retraités les plus aisés. Un amendement adopté par la majorité sénatoriale prévoit un seuil de 3 000 euros pour bénéficier de cet abattement. Une décision qui pourrait avoir des conséquences importantes pour les retraités concernés, mais aussi pour l’équité fiscale en France.
L’abattement de 10 % sur les pensions de retraite est un dispositif bien établi en France. Cependant, dans le projet de loi de finances pour 2026, le gouvernement avait envisagé sa suppression, dans un souci de simplification fiscale. Face à cela, les sénateurs ont opté pour une solution intermédiaire, en limitant l’abattement fiscal aux pensions ne dépassant pas 3 000 euros par mois. Cette décision vise à recentrer les avantages fiscaux sur les retraités les moins fortunés, tout en épargnant ceux qui perçoivent des pensions plus élevées.
Le rapporteur général, Jean-François Husson, a expliqué que cette réforme avait pour objectif de « toucher plutôt les pensions des plus aisés« , tout en trouvant un équilibre avec les efforts à consentir, rapporte Capital. L’abattement ne sera plus appliqué aux pensions dépassant 3 000 euros, une mesure qui pourrait toucher un nombre significatif de retraités, surtout ceux dont les revenus mensuels sont élevés.
Une réforme de l’abattement fiscal des retraites qui n’est pas nouvelle
Ce dispositif fiscal trouve son origine dans une mesure introduite en 1977, par Maurice Papon, alors rapporteur général du budget. À l’époque, l’abattement visait à compenser un niveau de vie des retraités bien plus bas qu’aujourd’hui. Bien que cette mesure ait été imaginée pour ne durer qu’un an, elle perdure depuis plus de quatre décennies, bien qu’elle ait été régulièrement révisée pour s’adapter aux réalités économiques du moment.
L’abattement de 10 % est donc devenu un pilier du système fiscal des pensions en France. Cependant, au fil des ans, de nombreuses voix se sont élevées pour suggérer que ce système avantageait de manière disproportionnée les retraités aux revenus les plus élevés, en particulier ceux percevant des pensions supérieures à 4 000 euros par mois.
Des critiques et des soutiens à la réforme
Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a salué l’initiative du Sénat, soulignant que la mesure « garde la proportionnalité de l’abattement tout en plafonnant l’avantage pour les revenus les plus élevés« . Toutefois, certains critiques, dont des membres de l’opposition, estiment que cette réforme risque de pénaliser les retraités moyens, ceux qui se situent juste au-dessus du seuil de 3 000 euros et qui pourraient voir leur fiscalité augmenter.
Les sénateurs de droite et du centre, majoritaires, ont défendu cette révision, la considérant comme un compromis raisonnable. En revanche, leurs homologues députés ont pris position contre la suppression totale de l’abattement, estimant que cela nuirait à de nombreux retraités. Cette divergence de vues met en lumière les tensions au sein de la droite française concernant la réforme fiscale et les mesures à prendre pour équilibrer le budget de l’État.
Vers une simplification fiscale ou une injustice sociale ?
Cette réforme soulève une question importante : celle de l’équilibre entre simplification fiscale et justice sociale. En réformant l’abattement, le Sénat a cherché à cibler les retraités les plus riches, mais cette décision pourrait aussi être perçue comme un affront pour ceux qui, tout en n’ayant pas de grandes fortunes, bénéficient d’une pension un peu plus élevée que la moyenne. Ces derniers pourraient se retrouver pénalisés, ce qui pourrait générer des sentiments d’injustice parmi les retraités aux revenus intermédiaires.
Cette réforme du Sénat est donc un compromis visant à rééquilibrer les efforts fiscaux en fonction des revenus des retraités. Alors que la suppression totale de l’abattement avait été envisagée par le gouvernement, la mesure adoptée par les sénateurs semble trouver un juste milieu, permettant de mieux cibler les pensions les plus élevées tout en préservant une certaine équité. Le débat reste ouvert, et il faudra attendre l’examen final de la loi pour voir si cette réforme saura répondre aux attentes des retraités et des experts fiscaux.








