Les pensions de retraite sont revalorisées chaque année sur la base de l'inflation pour compenser la hausse des prix. Mais avec le recul de la croissance économique et la hausse du déficit budgétaire, une désindexation des pensions pourrait être envisagée. Alors que plusieurs économistes sont en faveur d'une telle mesure, le chef de l'État avait clairement affiché sa réticence.
En 2024, les pensions de retraite de base ont été revalorisées à hauteur 5,3 %, alors que la croissance économique a reculé et le déficit budgétaire s'est accentué. Au total, le gouvernement a annoncé un plan d'économies de 10 milliards d'euros. Pour l'année prochaine, les économies souhaitées par l'État sont encore plus conséquentes. Pour les économistes, une sous-indexation des retraites permettrait de réaliser des économies non négligeables. En 2019, en revalorisant les pensions de base à hauteur de 0,3 % (alors que l'inflation s'établissait à 1,3 % environ), l'État avait réussi à faire 2,8 milliards d'économies.
Parmi les voix favorables à la sous-indexation, voire la désindexation des retraites, celle de l'ancien directeur de cabinet de Muriel Pénicaud au ministère du Travail, Antoine Foucher : « Nous n’avons plus le choix, notre endettement est tel que la charge des intérêts de la dette dépassera dans deux ou trois ans le budget de l’Éducation nationale : 60 milliards d’euros par an », avait-il déclaré en mai dernier dans les colonnes de L'Express.
Quelques semaines plus tôt, c'était le ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, qui avait relancé le débat concernant une telle mesure. « C’est une vraie question, est-ce qu’on continue à indexer sur l’inflation, l’ensemble de nos prestations, l’ensemble de nos transferts ? On aura, je crois, ce débat pour le projet de budget 2025 », avait-il déclaré.
Une désindexation des pensions de retraite pénaliserait les retraités
Mais rapidement, le président de la République avait recadré son gouvernement. « Le président a mis un shoot général en disant qu'il faut arrêter de sortir des mesures qui n'ont même pas été évoquées sauf si vous voulez perdre les élections », avait notamment indiqué l'un des ministres à la sortie d'une réunion avec le chef de l'État.
Il faut dire qu'une sous-indexation ou désindexation des pensions de retraite de base est une manœuvre très complexe qui risque de fragiliser davantage cette tranche de la population qui est déjà très impactée par la hausse des multiples dépenses du quotidien (alimentation, énergie, etc.). De plus, les retraités représentent une grande part d'électeurs, ce qui rend l'application d'une telle mesure délicate à l'approche de l'élection présidentielle.