La réforme des retraites pourrait bientôt abaisser l’âge d’annulation de la décote de 67 à 66 ans, une mesure qui profiterait particulièrement aux femmes et aux travailleurs à bas salaires. Mais que changera réellement cette modification ?
Avant d’examiner les impacts potentiels de cette proposition, il est essentiel de comprendre le mécanisme de la décote. La décote est appliquée aux personnes qui, au moment de leur départ à la retraite, n’ont pas le nombre de trimestres d’assurance nécessaires pour bénéficier d’une pension à taux plein. Pour chaque trimestre manquant, une décote de 1,25% est appliquée à la pension de retraite. Cependant, cette pénalité peut être évitée si le retraité choisit de partir à 67 ans, même sans avoir acquis tous les trimestres nécessaires. Dans cette situation, l’âge de 67 ans permet d’annuler la décote, garantissant ainsi que la pension sera versée à taux plein, sans aucune réduction, malgré les trimestres manquants.
Une mesure favorable aux femmes et aux bas salaires
La proposition d’abaisser l’âge d’annulation de la décote à 66 ans vise principalement les femmes et les travailleurs à faibles revenus. En effet, les femmes, en particulier celles ayant eu des enfants, ont souvent des trous dans leur carrière dus à des périodes d’interruption liées à la maternité ou à des obligations familiales. Ces interruptions rendent plus difficile l’accumulation du nombre de trimestres nécessaires à une retraite à taux plein. Le passage de 67 à 66 ans pour annuler la décote pourrait donc avoir un effet significatif en permettant à un plus grand nombre de femmes de bénéficier de cette mesure de manière plus souple.
De plus, les travailleurs ayant perçu de faibles salaires, souvent ceux qui ont eu des carrières précaires ou à temps partiel, sont également fortement concernés. La réduction de l’âge permettant de supprimer la décote permettrait à ces travailleurs, qui ont souvent des cotisations moins élevées, de voir leur pension améliorée, soulignent nos confrères de Capital.
Un abaissement de l’âge d’annulation de la décote qui pèse lourd sur l’État
Cette mesure, bien qu’avantageuse pour certains travailleurs, a un coût important pour l’État. Selon les estimations, l’abaissement de l’âge d’annulation de la décote de 67 à 66 ans pourrait représenter 1,2 milliard d’euros en 2030 et 5,5 milliards d’euros en 2045. Ces chiffres soulignent l’ampleur financière de cette réforme, ce qui a conduit à des discussions sur la manière de financer cette mesure. Le patron du Medef, Patrick Martin, a souligné qu’une telle mesure ne pourrait être mise en œuvre que si des économies équivalentes sont trouvées ailleurs dans le système des retraites.
Pour compenser ce coût, plusieurs pistes de financement sont à l’étude. La CFTC, par exemple, propose de rationaliser le cumul emploi-retraite, de sous-indexer les pensions ou encore de limiter certaines carrières longues. Ces mesures pourraient permettre de trouver un équilibre financier sans compromettre la réforme. Le défi sera donc de trouver des solutions qui préservent l’équilibre du système des retraites tout en répondant aux demandes des syndicats et en tenant compte des contraintes budgétaires.
La proposition de réduire l’âge d’annulation de la décote à 66 ans soulève des enjeux importants pour l’équité du système de retraite, notamment pour les femmes et les travailleurs à faibles salaires. Cependant, cette mesure représente un défi financier pour l’État. Trouver un équilibre entre justice sociale et soutenabilité budgétaire sera crucial. Les mois à venir seront décisifs pour ajuster le système de manière équitable tout en préservant ses finances.








