Dans trois jours, se tiendra le premier tour des élections législatives. Trois pôles se disputent la majorité dans ce scrutin. Le Rassemblement National (RN), le Nouveau front populaire (NFP) et, à un degré moindre, l'alliance présidentielle, Ensemble, sont donnés favoris.
Dans le cas où le NFP ou le RN arrivent à Matignon, ils pourraient décider d'abroger la dernière réforme des retraites. Enfin, c'est une certitude dans le cas du NFP, alors que pour le RN, des zones d'ombre subsistent encore. L'abrogation de cette réforme soulève des interrogations quant à la réintégration de certains régimes spéciaux.
Que ce soit pour le Nouveau Front populaire comme pour le Rassemblement national, les deux partis s'accordent sur l'idée de revoir la réglementation actuelle concernant les retraites. Dans l'immédiat pour le premier et dans probablement dans un deuxième temps pour le deuxième. Alors que l'âge légal de départ en retraite a été porté par la récente réforme à 64 ans, le RN et le NFP veulent revenir sur cette décision et donc de revenir à un âge légal de 62 ans.
Mais la réforme des retraites entrée en vigueur depuis le mois de septembre 2023 ne se limite pas au prolongement de l'âge légal de départ à la retraite, celle-ci a également acté la suppression de plusieurs régimes spéciaux pour les futurs retraités, c'est notamment le cas pour la RATP. Ainsi, depuis le 1er septembre 2023, les nouveaux travailleurs de ces entreprises cotisent à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) et non pour les caisses associées à leurs structures.
Avec une annulation de la dernière réforme des retraites dans le cas où le Rassemblement national ou le Nouveau front populaire arrivent au pouvoir, cela voudrait donc dire qu'une réhabilitation de ces régimes spéciaux pourrait être acté. D'ailleurs, « les caisses de retraite de ces ex-régimes spéciaux existent toujours puisqu’elles doivent encore, pendant très longtemps, payer les pensions de ceux qui bénéficient du statut », explique à Capital un expert sur le sujet,
Rétablir les régimes spéciaux, oui mais à quel prix ?
Pourtant, même si techniquement cela semble réalisable, remettre en place les régimes spéciaux semble pourtant peu envisageable. « Politiquement, s’il y a bien une mesure qui était populaire dans l’opinion, même à gauche, c’était la suppression des régimes spéciaux. Si le RN arrive au pouvoir, il ne reviendra pas dessus. Si c’est le Nouveau Front populaire, ce n’est pas sûr non plus », estime un expert interrogé par Capital.
En plus, un retour des régimes spéciaux signifie que des coûts supplémentaires seront engendrés. D’après un rapport du Conseil d’orientation des retraites, le coût des départs anticipés dans les régimes spéciaux avoisinaient les 8 milliards d’euros par an, cela permet d'avoir une idée générale de ce que représentent ces régimes sur les finances de l'État. À l'échelle européenne, une telle manœuvre « enverrait un signal hyper négatif vis-à-vis de nos partenaires européens et des marchés », juge Pierre-Edouard Ducray, chargé d’études à l’association Sauvegardes Retraites.