Le financement des retraites en France repose aujourd’hui sur un système par répartition, où les cotisations des actifs servent à payer les pensions des retraités. Mais avec un ratio actifs/retraités en baisse, certains acteurs du patronat plaident pour un modèle mixte intégrant une part de capitalisation.
Le débat sur la capitalisation des retraites est relancé par plusieurs organisations patronales, dont la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et le Medef. Selon eux, le système actuel est à bout de souffle, avec seulement 1,7 actif pour 1 retraité en 2024, et une prévision de 1,5 en 2045.
Le principe de la retraite par capitalisation est simple : au lieu de financer directement les pensions des retraités actuels, chaque salarié met de l’argent de côté tout au long de sa carrière sur un fonds dédié, qui sera investi sur les marchés financiers pour générer des rendements. Cette approche, déjà en place dans certains pays, permettrait selon ses partisans d’assurer une meilleure pérennité du système sans avoir à relever l’âge de départ à la retraite.
Une idée qui divise les syndicats
Si le patronat défend cette réforme, les syndicats restent sceptiques. La CGT critique notamment le modèle existant du RAFP (Régime de retraite additionnelle de la fonction publique), où les fonctionnaires cotisent sur leurs primes pour obtenir des points convertibles en pension, rapporte Le Parisien.
Selon eux, ce type de capitalisation favorise ceux qui cotisent le plus longtemps et pénalise les salariés aux carrières courtes ou précaires. De son côté, la CFDT ne ferme pas totalement la porte, mais estime que la capitalisation n’est pas une priorité dans les négociations actuelles. Elle rappelle aussi que ce modèle entraînerait un coût supplémentaire pour les entreprises, déjà confrontées à une pression fiscale importante.
Quels impacts pour les travailleurs ?
Si la capitalisation venait à être intégrée au système actuel, elle pourrait prendre différentes formes. La CPME propose une mise en place progressive, où une petite part des cotisations serait investie dans des fonds de pension. Une autre piste avancée consiste à allonger le temps de travail en supprimant trois jours fériés ou en ajoutant une heure de travail par semaine, une mesure jugée peu réaliste par de nombreux observateurs.
Les économistes soulignent également les risques d’un système basé sur les marchés financiers. En période de crise, les fonds de pension peuvent perdre en valeur, ce qui mettrait en péril le niveau des pensions. De plus, sans encadrement strict, la capitalisation pourrait accentuer les inégalités, favorisant les hauts revenus capables d’épargner davantage.
Un débat autour de la retraite par capitalisation loin d’être tranché
Si la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, estime que la capitalisation ne doit pas être un « sujet tabou », la question reste très clivante. Avec plus de 11 millions de Français déjà détenteurs d’un plan d’épargne retraite, certains experts suggèrent une meilleure organisation du système existant plutôt qu’un bouleversement complet du modèle actuel.
Alors que les discussions sur de nouveaux ajustements de la réforme de 2023 se poursuivent, la question de la capitalisation reste ouverte, mais sans consensus clair entre les différents acteurs du débat.