La question des inégalités de pension entre hommes et femmes reste un sujet majeur dans les débats sur la réforme des retraites. Selon un rapport publié par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), une réflexion est en cours pour réformer le mécanisme de la majoration de pension accordée aux parents ayant eu trois enfants ou plus.
Ce système, qui prévoit une majoration de 10% pour les assurés sociaux ayant eu au moins trois enfants, est jugé peu redistributif et favorise surtout les hommes, qui bénéficient de pensions plus élevées.
Actuellement, ce mécanisme coûte 8,4 milliards d’euros par an, représentant environ 2,9% des pensions de droit direct. Cependant, les chiffres montrent que la majoration de pension pour enfants sert en moyenne 136 euros par mois aux hommes contre seulement 77 euros pour les femmes, ce qui accentue les inégalités de revenus à la retraite. Le rapport de la Drees a donc exploré plusieurs pistes pour réformer ce dispositif en le rendant plus favorable aux femmes, tout en cherchant à diminuer les inégalités économiques entre les sexes.
Trois scénarios pour réformer la majoration de pension de retraite
Le rapport propose trois scénarios différents pour réformer ce mécanisme de majoration, chacun visant à redistribuer les fonds de manière plus équitable. Le premier scénario consiste en une majoration forfaitaire de 150 euros par mois pour les parents de trois enfants ou plus. Cette mesure viserait à réduire les inégalités, mais ses effets sur les retraites des femmes restent modestes. En effet, la pension moyenne des femmes augmenterait de 0,3% tandis que celle des hommes diminuerait de la même proportion, ne réduisant l’écart entre les deux sexes que de 0,6%.
Le deuxième scénario consiste à verser exclusivement la majoration aux femmes dès le premier enfant, avec un pourcentage croissant en fonction du nombre d’enfants. Cette mesure augmenterait de 3,3% la pension moyenne des femmes, réduisant l’écart avec les hommes de 5,5 points. Cependant, elle resterait insuffisante pour réduire les inégalités entre les retraités les plus aisés et les plus modestes.
Enfin, le dernier scénario propose une majoration forfaitaire croissante en fonction du nombre d’enfants, et exclusivement réservée aux femmes. Cette mesure serait la plus favorable aux femmes, puisqu’elle verrait 81,6% des bénéficiaires recevoir une augmentation de leur pension, avec des effets notables pour les femmes aux pensions les plus modestes. Toutefois, le coût de cette réforme pourrait se révéler trop élevé pour le système de retraite français, car elle serait indexée sur l’évolution du salaire moyen par tête, augmentant ainsi le déficit des régimes de retraite.
La réforme du mécanisme de majoration de pension, bien qu’efficace sur le papier pour réduire les inégalités de retraite entre les sexes, semble avoir des limites financières importantes. La Drees mentionne la nécessité d’autres dispositifs plus ciblés, comme la majoration de durée d’assurance et l’Assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF), pour mieux répondre aux besoins des femmes. Ainsi, bien que des avancées soient envisagées, l’avenir de cette réforme reste incertain.
