Depuis l’annonce de la possible production de drones pour l’Ukraine, Renault fait face à des campagnes de cyberattaques, ce qui inquiète certains de ses salariés. L’information avait fuité début juin, selon laquelle Renault avait été approché par le ministère des Armées pour participer à un projet visant à construire des drones destinés aux forces armées ukrainiennes.
Bien qu’aucune décision n’ait encore été prise, le constructeur automobile français pourrait s’associer à EOS Technologie, une PME française créée en 2018. Cette annonce a depuis été confirmée par Renault, comme l’a rapporté Le Parisien, Jean-Dominique Senard, président de Renault Group, assurant qu’une « aide industrielle » pourrait être apportée et que l’entreprise « était ouverte à la question ».
Les cyberattaques en série et les inquiétudes internes chez Renault
Le ministère des Armées, en dévoilant prématurément cette information, a, selon les sources internes à Renault, précipité l’entreprise dans une situation difficile. Le siège de Renault à Boulogne-Billancourt a été rapidement pris pour cible par des cyberattaques. « Nous n’étions pas préparés et nous avons été pris pour cible illico par tous les trolls russes », explique un salarié du constructeur, qui évoque des « cyberattaques en série ».
Ce climat de cybercriminalité, en grande partie attribué à des acteurs russes, ne fait qu’amplifier les tensions internes à l’entreprise. Un expert en aéronautique et défense a rappelé, dans une interview pour Le Parisien, que cette forme de cybercriminalité est désormais courante, les Russes visant toutes les entreprises qui participent à l’effort de guerre en faveur de l’Ukraine.
Cette situation de cyberattaques survient dans un contexte déjà tendu au sein de Renault. Le délégué syndical central adjoint FO-Renault, Fabien Goaguen, a exprimé ses préoccupations : « Ici, les gens ont signé pour fabriquer des voitures, pas des armes létales qui ont vocation à servir sur le front. » Il souligne également qu’avec l’État en tant qu’actionnaire principal de Renault, il est « difficile de lui dire non ». Ce climat d’incertitude est renforcé par la nomination du nouveau directeur général, François Provost, ancien conseiller industriel d’un ministre de la Défense, un lien qui suscite encore plus d’inquiétudes parmi les salariés.
Renault n’est pas une entreprise nouvelle dans la production militaire. Comme le rappellent certains observateurs, la société a un passé lié à l’industrie de défense, remontant à la Première Guerre mondiale, où elle fournissait des véhicules pour les armées. Toutefois, cette nouvelle dimension, impliquant des technologies modernes de drones, place Renault dans une situation où il doit jongler avec les défis géopolitiques et internes.
Le plus grand défi reste cependant la gestion des cyberattaques de grande ampleur, que Renault n’a pas l’expérience de contrer. Un expert en cyberattaques a expliqué que « Renault n’a pas du tout l’expérience de cyberattaques du niveau de celles que peut mener une puissance étrangère ». Ce type d’attaque a déjà frappé d’autres entreprises françaises, comme le fabricant de drones Delair, ce qui montre que la menace est réelle et croissante.








